Titre: Paris, mon amour Posté par: Arno P-E le 31 Mars 2007 à 14:55:55 Vous souhaitez passer pour un beauf ? Annoncez à une personne que ne vous connaissiez pas que vous êtes supporter de foot. Précisez dans la foulée que votre club c’est le Paris SG et là, votre auditoire vous classera en plus dans la case réservée aux rageux... Alors que supporter le PSG c’est autre chose. C’est de l’amour.
Le public parisien ne se différencie pas de celui des autres stades en ce qui concerne la question du sexe de ses spectateurs... Hum... Bon, à la réflexion à Paris il est peut-être un peu plus gros qu’en province, à cause du bon air, mais pour ce qui est du genre, dans les tribunes du Parc il y a plus de garçons que de filles. Comme ailleurs. Et c’est peut-être à cause de cela que l’on n’évoque pas certains thèmes : entre hommes, vous pensez, on ne va pas s’amuser à parler de sensibilité, ou d’émotion. Non... On rigolera plutôt en parlant de bière, des combats passés, de victoires acquises avec les tripes et de fumis. Mais parler d’amour, entre mecs, vous pensez... Pourtant, le Paris Saint-Germain c’est ça, aussi : de l’amour. Et si on parlait d’amour ? Ca ne se dit pas, ça ne se partage jamais, mais regardons la vérité en face : les supporters du Paris SG aiment leur club. Avec ses défauts et ses qualités. Avec tout ce que cela entraîne d’aveuglement, parfois, de déraison, souvent, de passion, toujours. Et si, pour une fois on osait ? Bien sûr que le club de la Capitale a des tas de défauts. Comme tous les clubs ! Et plus on connaît ces équipes, plus on les suit avec attention, plus ces taches deviennent criantes. C’est dire si nous autres supporters, nous connaissons ces défauts mieux que quiconque. Alors ensuite, on nous les balance souvent au visage... Comme si on espérait nous apprendre quelque chose en critiquant le PSG ! Mais non, nous savions déjà tout ça, nous avions déjà vu tous ces travers avant qu’on nous les livre de nouveau en pâture, merci bien. Qui, venu de l’extérieur peut nous pointer une tare que nous n’avions déjà contemplée mille fois ? Personne. En revanche, qui mieux que nous peut parler de ce qui est beau au PSG ? De ce que l’on y admire ? De ce qui fait que nous sommes Parisiens ? Personne, non plus. Parce que ce club est le nôtre. Chacun d’entre nous trouvera sans doute des qualités différentes, ses raisons intimes de supporter les Rouge et Bleu. C’est personnel... Pour ma part, voilà pourquoi j’aime le Paris Saint-Germain. Tout d’abord, n’ayons pas peur du ridicule, je dois avouer que je trouve ce club beau. Je sais que cela paraît stupide à nombre de supporters, d’ici ou d’ailleurs, mais pour moi ça compte. Notre stade tout d’abord, est une merveille. Arriver à pied au Parc et distinguer, au loin, les pointes en béton griffant les nuages au dessus des toits parisiens m’a toujours subjugué. Le Parc est enfoui au milieu de la ville, il se mérite. Il ne fait pas partie de ces filles trop communes qui exposent leur nombril à tous les regards. Il n’est pas juché sur un terrain dégagé et illuminé comme pourrait l’être une effeuilleuse dans une vitrine. On ne le voit jamais dans son entier. Il sait se préserver. Si vous voulez le découvrir, alors il faudra s’approcher, et le gagner. Trouver le bon angle. Le PSG est beau Passez en voiture sous le Périphérique et la K vous surplombe. La majesté de cet instant où le Parc disparaît alors que vous vous engouffrez sous le tunnel...Vous en emportez un bout. Traversez Boulogne et vous pourrez entrapercevoir le siège et la présidentielle, dans une enfilade. Une fine tranche. Sortez du métro Porte de Saint-Cloud et vous découvrirez l’essentiel de la tribune Paris. C’est là que le Parc en montre le plus. Mais ne rêvez pas. Pour voir Boulogne de loin, pour admirer Auteuil, pas moyen. Il faut venir à leurs pieds. Les laisser vous écraser. Ces deux tribunes sont toujours immenses parce qu’on ne peut les voir de loin, en miniature. Personne ne domine jamais nos virages. C’est impossible. J’aime ce stade comme aucun autre. Et j’aime ce maillot. Quand Hechter l’a dessiné au début des années 1970, il n’imaginait sans doute pas qu’il se vendrait autant de ces tuniques bleues, rayées de rouge et de blanc. Il faut bien avouer que ce maillot est difficile à assortir. Le bleu jure souvent avec celui d’un jean’s, et il est carrément immettable avec un pantalon noir. Les trois couleurs font que si on en rajoute une autre on ne ressemble plus à rien... Mais mince, il est beau ! Qui ne l’a jamais posé sur son lit, ou pendu à la porte de son armoire une veille de match, juste pour l’admirer ? Qui ne s’est jamais arrêté quelques minutes pour l'apprécier, un matin, quand le hasard l’avait laissé là, plié au sommet d’une pile ? Pendant ce temps, une bonne moitié des équipes de la terre joue en rouge ou en blanc, tous les clubs ont des styles uniformisés, des designs identiques... et à part, il y a le PSG. Personne n’a un maillot qui s’en approche. Et son exigence esthétique, encore une fois, n’est pas forcément un défaut. Oui le Paris SG se mérite, et alors ? Pas de perruque avec ce maillot. Pas de chapeau de bouffon. Pas de maquillage ou de trucs de ce genre. Paris est beau. Paris se défie du premier venu, de la vulgarité. Son maillot aussi. Paris ? Capitale ! Mais après ces considérations esthétiques, il y a une autre qualité essentielle qui m’attire chez le Paris Saint-Germain. C’est le club de la Capitale. Et je me sens Parisien. Je me reconnais dans ce club. Je sais que beaucoup n’aiment pas faire vibrer la corde de l’anti-provincialisme, et je les rassure tout de suite : il ne s’agit pas de cela, bien au contraire. Ce qui m’amuse c’est justement la haine et la jalousie que je peux trouver chez certains supporters adverses. Mon grand plaisir c’est d’entendre un journaliste répondre dans une de ces émissions de radio à un SMS furibard : « Gilbert, de Lille, nous dit qu’on ne parle que du PSG... Mais ça n’est pas vrai ça Gilbert, on parle de tous clubs enfin... ». Ah, j’adore ça ! Bien sûr que c’est vrai, bien sûr qu’on parle de nous plus que des autres. C’est peut-être même un de nos plus gros problèmes à l’heure actuelle. Mais au moins, pendant ce temps-là, nous sommes vivants. Nous existons. Qu’est-ce que je détesterais supporter un club sans âme, une équipe « comme les autres ». Nous, ne serons jamais comme les autres. Ca ne tient pas à nos supporters, à nos résultats ou à nos joueurs, non. Ca tient au fait que nous sommes le club de la Capitale. Quand nous nous déplaçons c’est la Capitale que l’on reçoit. Avec ce mélange indéfinissable d’envie et de rejet chez nos hôtes. Ca ne peut pas être pareil qu’une autre équipe. Même Marseille ou Lyon ne feront jamais cet effet-là. Le PSG c’est Paris, et tout est dit. Après ? Et puis merde... J’aime venir à l’avance à Auteuil Rouge et regarder Boulogne se remplir. J’aime sentir les Supras au-dessus de ma tête s’agiter et préparer bâches et sono. Ca me fout le frisson, à une heure du match de contempler ces tribunes encore vides et de les imaginer bientôt remplies, et hurlantes. Oui, j’aime gueuler au milieu de ma tribune quand le match a commencé. J’aime sentir que je ne suis pas seul et qu’au milieu de tous ces supporters mes défauts et mes qualités n’ont plus cours. J’aime ne plus avoir d’histoire et que mon voisin n’en ait plus non plus. S’il chante et si je chante, alors à part ça rien ne compte. J’aime que nous soyons tous égaux. Et j’aime crier mon amour pour ces couleurs. Où d’autre peut-on crier que l’on aime quelque chose ou quelqu’un ? Jamais je n’oserais faire ça dans la rue à propos de ma femme ou de mes enfants. Mais là, au Parc, quand certains observateurs trop lointains nous voient dégueuler de la haine et de l’agressivité pendant quatre-vingt-dix minutes, ceux qui sont en tribune savent. Se vider les poumons sur un « Aller Paris », c’est pas de la haine. C’est de l’amour. Trouver le courage de faire ça, d’exposer son amour, de le revendiquer à pleine voix, d’en faire des drapeaux et des étendards, qui peut s’en vanter ? Nous ! Nous on peut. Paris, je t'aime ! Pour tout ça, je suis fier d’être Parisien. Pour le Parc, pour ses Couleurs, pour la Capitale et pour mes frères, ceux de tribunes, ou ceux qui sont éparpillés partout ailleurs. J’aime le Paris SG. Demain, mon club va à Lens et je ne pourrais me déplacer. Il faut sauver ce club. Que les joueurs, les dirigeants et les supporters, que tous ceux qui vont à Lens fassent le maximum. Hey, les gars ! S’il vous plait... Sauvez le Paris SG ! Je l’aime. |