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Auteur Fil de discussion: En toute logique...  (Lu 3237 fois)
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Arno P-E
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« le: 05 Décembre 2007 à 23:04:56 »

Des joueurs apathiques, un classement abyssal, des tribunes vidées, un jeu stérile, des banderoles insultantes, des entraînements en-fliqués, un vestiaire fangeux, voilà le PSG... Essayons, à froid, en prenant le temps de la réflexion, d'analyser tout cela.

Le Paris SG traverse une nouvelle période de troubles, toujours plus grave que les précédentes. Joueurs, dirigeants, supporters, le club entier semble entraîné dans un maelström. Les évènements contraires s’enchaînent, cascadent, tournent trop vite pour nous. Et le tourbillon menace à chaque instant de se refermer, engloutissant définitivement notre petit monde. La sensation d’être impuissants, vulnérables, le sentiment d’être perdus au cœur de cette tempête sans rien avoir à quoi se raccrocher habite bien des Parisiens. Dans ces cas-là, que faire, si ce n’est tenter de garder la tête froide, et de réfléchir posément à la situation ?

Prenons les problèmes un par un. Arriver au Parc et y découvrir que les associations et mouvements de supporters ont décidé d’une opération tribunes vides a laissé chez certains supporters un goût amer. Quelle que soit l’action choisie, se retrouver devant le fait accompli n’enchante pas ceux qui n’ont pas eu voix au chapitre. Faut-il s’énerver pour autant ?

Raisonnablement, non. Après tout, les règles du jeu sont connues de tous : celui qui veut faire entendre sa voix et participer à la vie des tribunes peut toujours le faire. Il n’a qu’à se carter dans le groupe de son choix, et gagner l’écoute des autres. Là, chacun peut exposer son point de vue, et le défendre. Mais celui qui reste dans son petit coin de tribune toute l’année, pendant que d’autres bossent pour le club, se déplacent et animent le Parc, qu’il ne se réveille pas pour exiger quoi que ce soit dès que les choses ne lui vont plus.

Il faut donner avant d’espérer recevoir. Donner de son temps et de sa voix, avant de recevoir écoute et respect.

Mais doit-on pour autant accepter en bloc tout ce qui descend du mégaphone ?

Là encore, y penser froidement amène à répondre par la négative : même s’il faut respecter le travail des mouvements, Ultra ou autres, il ne serait pas sain de ne jamais remettre en cause toutes les décisions. Il n’y a pas de Vox Dei. Après tout, on a le droit de ne pas être d’accord avec une opération tribunes vides, et l’expliquer calmement peut faire office de soupape, et désamorcer des situations extrêmement tendues.

Raisonner pour ne pas se déchirer

Parce que le souci est là : dès qu’une composante quelconque du Parc décide de faire autre chose que soutenir inconditionnellement le club, il se trouvera toujours quelqu’un pour ne pas être d’accord avec elle. Que ce soit certains supporters de latérales qui provoquent l’exaspération des virages en sifflant un joueur après sa seule passe ratée du match, ou bien les membres des assoces qui, avec leur opération tribune vide, fâchent les tifosi qui auraient aimé soutenir leur équipe avant la quinzième minute, ne pas supporter attire toujours les foudres de quelqu’un d’autre.

Alors quoi ? Allons-nous nous déchirer ? Auxerre arrive à grand pas, puis Toulouse... Si la situation du Paris Saint-Germain ne s’améliore pas, la tension, l’énervement qui habite tout le monde risque de provoquer de regrettables incidents. Voire des échauffourées entre supporters Rouge et Bleu, persuadés pour les uns qu’il faut en passer par une grève, quand les autres seront convaincus qu’à l’image de la saison dernière seule l’union sacrée nous sauvera. Au vu de la souffrance des uns et des autres, et de la légitime nervosité qui nous habite, s’entendre sera de plus en plus dur. Or, si on ne se comprend plus...

Là encore, procéder avec calme et distance est riche d’enseignement. Suivre les dialogues sur les forums en tentant d’être neutre et raisonnable est édifiant. Le mêmes arguments reviennent inlassablement, des deux côtés : Vous ne comprenez pas combien cela nous pèse, nous ne vidons pas les virages de gaieté de cœur. Ou bien, de l’autre côté : ces défaites ne nous amusent pas, et voir que l’on ne peut encourager le PSG à 100 %, ou lire ces banderoles insultantes, cela nous fait encore plus mal.

Chaque partie semble convaincue que l’autre ne se rend pas compte qu’elle souffre. Que ces défaites usent le moral. Que match après match, se sentir démuni et inutile rend fou.

Pourtant, en analysant tout cela, ce qui frappe c’est que justement, de chaque côté la souffrance est la même. Ce sont juste nos réactions qui différent. Si c’est le même mal qui frappe tous les supporters du PSG, il n’aura en revanche pas les mêmes conséquences sur chaque individu. On plutôt, il ne poussera pas chaque fan vers la même extrémité.

Pendant ce temps, nous nous radicalisons, mais pas dans la même direction. Que va-t-il se passer ? Le groupe qui penche vers l’union sacrée voudra inéluctablement éjecter manu militari tous ceux qui critiquent le club, ou même ne se donnent pas à fond dans les chants... Et ceux qui pensent que la solution serait de tout bloquer, de créer le clash, finiront bien par être tentés de réduire au silence les opposants à leur mouvement. Tout ça alors qu’au départ nous ressentons tous la même peine. Et parce que malgré tout, faire autre chose que supporter le club exposera systématiquement à de légitimes critiques.

Trouver une solution en y réflechissant la tête froide

Une fois le constat dressé, encore faudrait-il apporter un élément de solution. En toute logique, il doit y en avoir un... Reste à méditer tout cela, à le rechercher posément.

C’est ce que personnellement j’ai essayé de faire. Sauf que voilà, j’ai vu Le Guen en interview. Paulo de Pencran, l’homme à qui personne n’a jamais rien eu à reprocher question investissement, question mentalité, sur un terrain ou en dehors. Le Guen qui représente le PSG dans chacun de ses gestes, depuis quinze ans. Je me suis remémoré le joueur. Celui qui sur les terrains déjà voyait plus loin que les autres. Le parisien qui se tenait plus droit que les autres, avait plus de classe que les autres. Qui se souvient avoir entendu notre milieu de terrain critiquer un partenaire, un dirigeant ?

J’ai repensé au footballeur qu’il était, il y a dix ans. Quand il aurait pu partir, signer un gros contrat à l’étranger alors que son aura de vainqueur d’une coupe d’Europe était immense. Il a choisi de rester à Paris, d’aider le club jusqu’à ce qu’on lui dise que l’on n’avait plus besoin de lui. Comme seuls des Dahleb, Susic ou Raì l’ont fait. Paul Le Guen reste un exemple de professionnalisme, dans ce que ce terme a de plus noble. Un footballeur intègre.

L’interview de notre coach filait et tout m’est revenu en mémoire. Des petits riens, une foule de détails à demi effacés. Le calme de Le Guen, sa détermination sereine, mais si forte, son honnêteté. Sa classe, en un mot, perdue dans football mondial qui était déjà devenu océan de vulgarité, de tape à l’œil et d’appât du gain. Et sa réserve, sa discrétion. Non, mieux : sa pudeur ! Je ne crois jamais avoir été témoin d’un épanchement, d’un accès d’émotivité venant de sa part.

Vous avez tous vu cette interview, vous savez ce qui s’est produit. Vous aussi vous avez assisté à la cassure.

Alors pendant que je me remémorais les qualités de Le Guen, de l’avoir vu se lever et quitter la salle d’interview des sanglots dans la voix, et les yeux rouges... Lui ! C’est si inattendu, tellement incroyable. Comment lui, si réservé, si discret a-t-il pu craquer ainsi, devant un parterre de caméras ? Quelle douleur a pu amener cet homme à une réaction pareille ?

Qui souffre le plus ? Tout le monde... Même Le Guen

Tous, nous essayons de faire de notre mieux pour le PSG, et nous pensons qu’à ce titre on nous doit un minimum de considération, et d’écoute. Mais qui a apporté ne serait-ce qu’une fraction de ce que lui a donné au Paris Saint-Germain ? Et je ne parle pas seulement des titres remportés, championnat, coupes nationales, C2, mais aussi de l’image, de la réputation. De la légende. C’est lui, Paul Le Guen, qui a craqué !

Depuis ça, j’ai beau me dire qu’il faut penser avec sa tête plutôt qu’avec son cœur, j’ai beau tenter de me raisonner, et bien je n’y arrive plus.

Le PSG n’a rien de rationnel pour un supporter. C’est une passion, et depuis quelques temps elle nous dévore tous, et nous blesse. Réussir à relativiser est au dessus de mes forces. Je réfléchis, je cherche un chemin dicté par la logique, mais je reviens toujours à la voix de Le Guen qui se bloque. J’avoue que la peine de cet homme que j’admire tant me hante.

Alors en toute logique, il y a certainement des choses sensées à faire pour le PSG. Mais depuis dimanche, pour ma part je suis incapable de les trouver. La seule chose qui m’habite c’est cette certitude qu’au fond, tous nous souffrons. Alors je voudrais simplement envoyer une pensée, pour tous les Parisiens, où qu’ils soient. Une pensée de solidarité, de compassion. Parce que Le Guen l’a prouvé, gréviste ou pas, abonné en virage ou en tribune télé-canapé, grand dirigeant ou simple fan perdu en province, aujourd’hui c’est dur pour tout le monde.

Ailleurs, certains en riront, mais oui, se lever le matin c’est dur. Aller au boulot, écouter la radio, penser à dimanche, pour tous ceux qui ont le cœur Rouge et Bleu c’est dur. On est dans la même galère.

Je ne sais pas ce que je ferai si une nouvelle opération tribune vide, ou grève était mise sur pied. Tout ce que je sais c’est que la plus grande gloire n'est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute. On verra bien ce que mon cœur me dictera. En espérant que Paul n’ait pas à se lever, gorge serrée avant de nous quitter.
Journalisée

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