Le foot entre en piste
Supporter votre club de foot préféré face aux plus grandes équipes de la planète au bord d’un circuit, c’est devenu possible avec la Formule Superleague. L’OL pourrait intégrer le championnat dès la saison prochaine.
par Gilles Festor, le 25-11-2008
A Jerez de la Frontera
Beijing Guo'an qui dame le pion au Milan AC ou encore les Corinthians qui mettent une raclée à l’Atlético Madrid. Non vous ne rêvez pas. Sauf que vous n’êtes pas dans un stade mais au bord d’une piste pour suivre une manche de Formule Superleague, cocktail regroupant les grands noms du football et des bolides de course de 750 chevaux. Le concept est simple : un championnat monotype au sein duquel chaque écurie défend les couleurs d’un club. «Encore un énième championnat de monoplaces ! Non merci !» diront certains. Pas tout à fait. Car la «SF» a fait le pari de la compétition de haut niveau (les monoplaces sont semblables à celles qui étaient en ChampCar) en s’immergeant dans un univers complètement dédié au ballon rond. La saison s’est achevée en Espagne le week-end dernier et le spectacle est au rendez-vous.
La star, c’est le club !
Car à Jerez de la Frontera où a eu lieu la dernière manche du championnat, tout ramène au football. Des remorques argentées dorant sous le soleil andalou arborant fièrement les logos des Rangers, de Séville ou de Liverpool, au moindre détail de la décoration du garage, rien n’est laissé au hasard. Dans le stand du Milan AC, le rouge et noir est de rigueur pour les mécanos mais aussi pour Robert Doornbos, ancien pilote de F1, qui se balade avec une combinaison estampillée du numéro 3 de Paolo Maldini dans le dos ! Pour la monoplace doté d’un V12 (des caractéristiques similaires à celles des voitures du Champ Car), la coque rutilante est évidemment aux couleurs lombardes.
Et l’on se régale au bord de la piste à voir le Milan AC déboîter à plus de 250 km/h devant l’AS Roma ou Séville remporter le derby ibérique devant l’Atlético Madrid durant les qualifications. Celles-ci s’inspirent directement du football. Les 18 voitures s’opposent en deux poules de neuf tirées au sort. Les huit meilleurs s’affrontent en duel sur un tour en quarts, demies, puis finale. Deux courses (de 45 minutes chacune évidement !) ont lieu le dimanche. La seconde s’élance avec une grille inversée des résultats de la première. Le cancre d’une course devient alors le poleman de la suivante. Spectacle garanti. Dimanche dernier, le Milan AC, lauréat en fin de matinée, a ainsi galéré dans le trafic quelques heures plus tard pour décrocher la dixième place loin derrière le Borussia Dortmund. La star du week-end était évidement la voiture du FC Séville, soutenue par une foule de 35 000 spectateurs qui ont aussi assisté au sacre final de Beijing Guo'an, champion 2008.
L’OL présent en 2009 ?
Il ne manque qu’une seule chose pour que le public français soit lui aussi contaminé : des clubs de l’Hexagone. Un peu de patience. Les organisateurs planchent pour offrir des chocs de Ligue 1 en pagaille. Plusieurs grands clubs français ont été contactés avec comme objectif d’en recruter deux à moyen terme. L’OL est en pole position pour démarrer la saison 2009. Avec les Gones, c’est aussi l’assurance d’une course organisée en France dès la saison prochaine, éventuellement à Magny-Cours. Au milieu de l’année 2009 on devrait donc pouvoir voir l’OL aller défier les géants d’Europe pour enfin prendre sa revanche, là où sur le carré vert il est régulièrement recalé près du but.
Alex, quel bilan peut-on tirer de la première saison de Formule Superleague ?
Alex Andreu : Ce fut une première année de mise en scène mais nous avons rempli nos trois objectifs : faire que les gens adhèrent au concept, organiser les six courses et mettre au point une voiture qui tienne la route. Le spectacle est au rendez-vous et le championnat très ouvert. Il y a eu treize clubs différents sur le podium. Beaucoup de gens pensaient que nous n’allions même pas terminer la saison ! En 2009 nous voulons grandir mais il faudra tenir compte de la crise. On espère passer à neuf courses en accueillant d’autres clubs (Russie, Pologne, Argentine, Mexique, Etats-Unis, Espagne et France).
Comprenez-vous qu’on puisse être sceptique devant cette énième formule qui mélange deux mondes différents, football et sports mécaniques ?
Alex Andreu : Je vais vous répondre en trois points. D’abord, nous disposons d’une voiture de haut niveau avec un V12 de 750 cv et un plateau relevé de pilotes. Ensuite, le règlement (principe des éliminatoires comme au football, la grille inversée, course de 45 minutes) est très original. Et pour finir, l’organisation est bonne. Voilà ma réponse aux sceptiques. Avec tout le respect que j’ai pour la GP2 par exemple, je considère que notre concept avec les clubs de football est plus attrayant.
Un premier projet avorté avait vu le jour il y a quelques années, pourquoi avoir repris l’idée ?
Alex Andreu : Prenons la Formule 1 : elle a tout fait pour devenir un sport de spécialistes et une course technologique. Il faut ouvrir les sports mécaniques au spectacle et rajouter de l’émotion que l’on trouve dans un sport comme le football. Enlevez Ferrari du plateau de la F1. Qu’est ce qu’il reste comme émotion ? Pratiquement rien alors qu’il y a encore 18 autres monoplaces derrière. Nous réunissons de notre côté beaucoup de grands clubs qui véhiculent tous de la passion. Quand nous avons élaboré le projet, beaucoup de gens me parlaient de la voiture avant toute chose mais c’était le concept qu’il fallait trouver en premier.
La crise économique ne risque-t-elle pas d’effrayer certains clubs de s’investir dans le projet ?
Alex Andreu : Nous aidons beaucoup les clubs qui veulent venir puisque nous avons un réseau commercial et nous connaissons des écuries «clé en main». Le club doit juste apposer sa marque. S’il veut monter sa propre écurie, il peut. Certains commencent à le faire d’ailleurs : Flamengo, Eindhoven ou le Milan AC souhaitent choisir leur pilote. Pour beaucoup de clubs comme l’Olympiakos par exemple, un engagement n’est qu’une extension logique de leur section omnisports.
Mais pour que le championnat prenne en France, il faudrait au moins un club français…
Alex Andreu : Ne vous inquiétez pas, on va l’avoir ! Les clubs français ont leur place dans le championnat. Nous avons contacté l’OL, Marseille et le Paris SG. Pour la saison prochaine, il faut qu’un de ces trois clubs nous rejoigne. Nous sommes 18 en voulons 26 clubs à l’avenir. L’idéal ce serait d’avoir deux voitures françaises en concurrence pour refaire des PSG-OM ou des Lyon-PSG.
Avec un club français, la Formule Superleague débarquerait-elle en France ?
Alex Andreu : Oui, l’idée est de faire un package course-club français. Mais le grand prix ne doit pas être trop loin de l’emplacement de l’équipe pour les supporters. On a Magny-Cours, Dijon, Le Mans… D’un point de vue technique, Magny-Cours ce serait génial mais pour amener les gens là, ce ne sera pas évident. Nous avons aussi imaginé un circuit en ville à Paris, Marseille ou Lyon. Ce serait de la folie !
Lyon en pole pour 2009
L’Olympique Lyonnais devrait intégrer la Formule Superleague dès la saison prochaine, avec à la clé, une course en France. Le Paris SG et Marseille, contactés, pourraient suivre dans la foulée.
par Gilles Festor, le 25-11-2008
Alors que tous les grands championnats européens disposent d’au moins un, voire deux représentants, la France n’a pas encore de formation issue de la Ligue 1 en Formule Superleague. Un comble alors que deux pilotes tricolores, Tristan Gommendy (FC Porto) et Franck Perera (AS Rome) font les beaux jours de leur team. Mais la situation pourrait rapidement évoluer en faveur des clubs de l’Hexagone. Alex Andreu, le président de la «SF» a fait de l’entrée en lice d’un pensionnaire du championnat de France l’un de ses objectifs prioritaires pour la saison prochaine.
De la place pour deux clubs
Le dirigeant y voit un double intérêt. D’abord étoffer son plateau d’une grosse écurie continentale, mais aussi la possibilité d’organiser en France un grand prix. Trois clubs français au moins ont été annoncés : l’OL, Marseille et le Paris SG. Rien n’a été signé mais les champions de France sont tout proches d’avoir trouvé un accord avec les organisateurs. L’engagement de l’OL cadrerait parfaitement avec la stratégie de développement commercial du club de Jean-Michel Aulas qui dispose dans ce domaine d’une longueur d’avance sur ses concurrents. Pour Marseille et le Paris SG, les négociations sont moins avancées. Mais les frères ennemis devront rapidement se décider car il n’y aura probablement de la place que pour un autre club de Ligue 1. Les équipes de Russie, des Etats-Unis, du Mexique, de Colombie, de la Pologne et du Japon frappent aussi à la porte. Le plateau peut accueillir 26 teams et il ne reste que 8 sésames à délivrer.
Un grand prix à Dijon ?
L’arrivée de Lyon pourrait permettre à la Formule Superleague d’organiser dès 2009 une course en France. Les promoteurs du circuit de Magny-Cours étaient présents à Jerez de la Frontera en clôture du championnat pour avancer dans ce sens. Mais le circuit de la Nièvre se heurte aux éternels problèmes d’accessibilité. La candidature de Dijon-Prenois, moins moderne mais aussi moins coûteuse est aussi mieux placée puisqu’elle permettrait de drainer en plus des Gones le public suisse représenté par le FC Bâle.
http://www.sport24.com/auto-moto/la-formule-superleague-debarque/