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Auteur Fil de discussion: L’effet mercato  (Lu 3389 fois)
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Arno P-E
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« le: 16 Juin 2008 à 21:09:05 »

Ce début d’été 2008 ne déroge pas à la règle : malgré les impérieuses nécessités de renforcement du groupe, malgré les promesses présidentielles et les prédictions des spécialistes, cette fois encore au Paris SG il ne se passe RIEN. Mais alors pourquoi est-ce qu’on le suit tous ce mercato comme des morts de faim ?

Quelle merveilleuse invention que celle de la période des transferts ! Alors que l’actualité des clubs est vide, et que l’on ne nous propose pour seule distraction sportive qu’un spectacle de fin d’année à vocation comique monté par la troupe d’amateurs de l’école primaire de l’instituteur Raymond-you fuck my wife ?-Domenech, le mercato arrive vraiment au bon moment ! Il faut dire que pour les supporters du PSG le mois de juin a une saveur toute particulière : c’est un temps à part dans le déroulement d’une saison.

Chaque année, lors du mercato, toutes les statistiques de fréquentation des sites internet consacrés au football explosent. Deux hypothèses peuvent expliquer cette hausse systématique du nombre de pages lues : soit des supporters se connectent lors de la période des transferts alors qu’ils ne le font pas le reste de l’année, soit les habitués qui passent régulièrement suivre l’actualité de leur équipe éprouvent tout à coup le besoin de revenir lire les news bien plus fréquemment que le reste de l’année. Dans les deux cas, le constat est simple : cette période passionne les fans... alors que paradoxalement il s’agît d’une pause durant laquelle l’actualité des clubs est vide à en désespérer !

Prenons par exemple l’agenda du PSG. Bien entendu, et c’est bien là le principe de la trêve estivale, les Parisiens n’ont actuellement pas la moindre rencontre en vue. Il n’y a donc ni résumé du tout dernier match à espérer, ni présentation de la future rencontre à attendre, rien. D’ailleurs, la grande majorité des joueurs est partie en vacances, les autres vivant enfermés en Suisse avec Sourcilo-le-clown-rigolo, qui ne retire même plus sa perruque frisée entre deux représentations. Inutile donc d’attendre un flot d’interview de leur part. Alors pourquoi se connecter en masse aux forums consacrés au club ?

En théorie, il ne reste plus à se mettre sous la dent que les transferts en eux-même. Seulement voilà, pas la moindre petite signature. Pas même un petit joueur de L2, ou un pauvre Brésilien inconnu, voire un gardien de but espoir Burkinabè... Rien ! Mais si pratiquement le Paris Saint-Germain ne possède aucune actualité, comment expliquer la frénésie mercato ?

Comme souvent lorsque l’on essaye de comprendre le comportement des supporters, il ne faut chercher aucune explication rationnelle. En effet, si la période des transferts fait croître tous les chiffres des médias, c’est uniquement pour des raisons passionnelles, affectives. Le secret, c’est que la plupart des fans sont frustrés. Invariablement déçus par la réalité des résultats de leur équipe. Or, le mercato, c’est la seule période où l’on peut rêver à tous les possibles.

Le champ de tous les possibles

Il est rare pour un supporter de finir une saison totalement satisfait : même pour les plus chanceux il y aura toujours un autre titre à gagner, plus grand, ou bien un record à battre, un secteur de jeu à améliorer... La préparation de l’année suivante débute donc systématiquement dans l’envie. L’envie de recruter une star, de renforcer le groupe, l’envie de mieux faire. Et cela passe a priori par de niuveaux joueurs, des pro que l’on voudrait meilleurs que ceux de l’an passé.

Seulement voilà, qui recruter ? Les journaux bruissent de rumeur, de noms plus ou moins connus... mais là, pas de chance, ces joueurs sont tous en vacances ! Il est donc impossible de les confronter à son jugement, de se faire une idée de leur réelle valeur technique si on ne les connaissait pas déjà. Aussi, par force, quitte-t-on immédiatement le registre du jugement réfléchi pour aborder cela de la passion. 

Prenez le cas Sessegnon. Qui avait déjà prêté un oeil vraiment attentif à ses performances parmi les habitués du Parc des Princes ? Un sur cent ? Deux sur cent ? Une infime minorité : Sessegnon n’est pas un joueur de L1 très connu, bien loin des Pauleta, Benzema ou Cissé. Il serait par exemple intéressant de savoir combien de temps les supporters du PSG l’ont vu jouer la saison dernière. Une poignée de matches, à peine...

Oui mais voilà selon les médias, aujourd’hui Le Guen en aurait fait sa priorité... et le président Manceaux, Legarda-le-Cupide ne souhaite pas le lâcher. Depuis, le milieu de terrain Sarthois se retrouve cible de tous les regards : chacun voudrait se faire son idée, connaître ses qualités, observer minutieusement son jeu, son poste...  Or, trêve estivale oblige, Sessegnon ne joue plus !

Voilà le secret du mercato : l’inaccessibilité de l’info tangible qui ouvre la porte au fantasme. Ce manque d’information sur Sessegnon, au lieu de couper court à la curiosité, il l’attise, au contraire ! On veut connaître Sessegnon, on veut comprendre pourquoi Le Guen le désire alors que Lagarda ne le lâche pas. On veut voir Sessegnon. Et on finit par vouloir Sessegnon tout court. Sans le connaître plus que ça. Parce qu’il faut bien signer quelqu’un, pour continuer à rêver, un peu.

Pendant le mercato, les futures recrues ne commettent pas de boulette. Elles ne ratent pas de passe facile, ne passent pas au travers d’un match. En revanche, les 90 secondes du pot-pourri de leurs meilleures actions, monté par un fan appliqué, est lui encore et toujours disponible sur YouTube. Pas de négatif, mais un best-of surréaliste de ses quatre meilleures actions de l’année, représentatives de... rien du tout.

On se retrouve donc dans une conjonction qui ne peut qu’alimenter un désir irraisonné chez le supporter : ce dernier se retrouve dans un état d’esprit proche de celui que peut connaître un enfant à l’approche de Noël. Alors même qu’il ne peut plus voir son équipe, et que rien ne peut l’empêcher de rêver qu’elle progressera enfin grâce à de judicieux recrutements, le fan est plongé dans une attente forcée face à des joueurs que l’on exhibe comme des jouets dans un catalogue, début décembre. En photo, tous les jouets semblent promettre des heures d’amusement. Ce n’est qu’une fois le paquet ouvert que l’on s’apercevra qu’en fait le bidule se casse tous les trois jours, qu’à part les pauvres mouvements montrés sur la pub il ne sait rien faire d’autre, etc. Pour filer la métaphore, le concept de tableau de rumeurs de transferts ressemble d’ailleurs à s’y méprendre à une liste d’enfant sage, adressée au Père Noël...

L’envie naît de l’attente

Quoiqu’il en soit, on peut voir là une intense frustration, provoquée par le fait qu’on vous intéresse à des joueurs actuellement invisibles, et donc à la fois inaccessibles et potentiellement parfaits.

Pour comprendre l’engouement pour le mercato, il suffit d’admettre que chez beaucoup c’est de l’attente que naît l’envie. Et même si d’expérience cette attente n’a bien souvent pas été suivie de beaucoup d’effets, parce qu’ils ont besoin d’y croire, les supporters se laisseront toujours attraper aux mêmes pièges.

Les précédents feuilletons de l’été auraient dû vacciner les Parisiens : il suffit de se rappeler les atermoiements, les aller-retours et les sommes démentielles qui ont entouré le retour d’Anelka sur les bords de Seine. Tout ça pour quoi ? A peine une demi-douzaine de buts et un transfert piteux à Manchester City une saison plus tard, pour la moitié de sa valeur d’achat.

Pour les plus vieux, que dire du cas Revault ? On en avait parlé un an avant sa venue, viendra, viendra pas, viendra... tout cela pour ruiner sa carrière internationale et ne même plus l’utiliser le printemps suivant.

Dans les affaires récentes, la plus belle reste sans doute celle des deux Urugayens, Bueno et Rodriguez. Ceux-là ont fait mieux qu’animer le mercato, ils ont alimenté la chronique transfert plus de six mois ! Qui n’y a pas cru ? Qui ne s’est pas enflammé pour l’Oignon et Kinder, avant même de les avoir vu jouer en vrai ne serait-ce qu’un match ? Ou jstement parce qu’il ne les avait jamais vu jouer ? En aurait-on autant attendu si leur venue s’était concrétisée sans que l’on n’en sache rien, sans que l’on ait à attendre si longtemps ? Quoi qu’il en soit, pour Bueno la déception fut à la mesure des espoirs placés en lui.

Alors pourquoi malgré ces expériences douloureuses le supporter se met-il encore en position de revivre de telles déceptions ?

Sans doute parce que malgré l’issue finale, bien souvent médiocre, l’amoureux du club a besoin d’y croire. Le supporter lambda se raccrochera ainsi aux témoignages qui vont dans le bon sens, à tout ce qui lui permet d’espérer. Et le fait de ne rien avoir ou presque de concret à sa disposition l’amène obligatoirement à prendre position sans lucidité. Pour ou contre Sessegnon ? Pour ou contre Basa ? A quels prix ? Sans certitude tactique, sans connaissance du marché, ni des volontés de l’entraîneur, il ne reste que l’avis du coeur. La tête ne peut rien affirmer, elle. Prime alors l’envie de voir Paris plus haut, enfin ! L’envie d’y croire, de nouveau. L’envie de supporter le Paris Saint-Germain et de ne plus en souffrir.

Le supporter tombera ainsi quasi systématiquement dans le piège. La mécanique de l’intérêt pour un joueur que l’on vous refuse, que vous voudriez découvrir alimentant justement votre envie de le recruter.

Frustration, envies toutes inaccessibles, désirs inassouvis... Inutile de chercher plus loin le besoin compulsif chez le supporter de suivre le mercato. Le manque d’informations concrètes ne peut réfréner cet appétit. Plus que jamais, en juin le fan parisien doit s’intéresser à l’actualité des transferts. Même, ou plutôt surtout parce qu’il ne s’y passe rien.
« Dernière édition: 18 Juin 2008 à 20:28:33 par Arno P-E » Journalisée

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