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Auteur Fil de discussion: In Bed With...  (Lu 5523 fois)
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« le: 17 Juin 2014 à 08:29:06 »

In Bed With le Mondial : IC


J'ai mal dormi, évidemment. Le décalage horaire, et puis les changements de climat. C'est fou comme je suis devenu sensible aux changements de climat. Ça me pèse sur tout le corps, le soir, quand je me couche. Il y a aussi ces chambres d'hôtel. Raùl m'avait dit la même chose, il y a quelques années, avant de partir : il ne supportait plus les palaces. Trop chics, trop froids, trop tous pareils avec leurs corbeilles de fleurs, leurs moquettes épaisses et leur personnel aimable et poli et apprêté... Je n'avais rien répondu, je m'étais replongé dans mon jus d'orange. Enroulé dans ce drap qu'ils me changent tous les soirs, je crois que je comprends. Pourquoi ils me changent ce drap tous les soirs ? Ils croient qu'avec la sueur, ils pourront en enlever les cauchemars de la nuit précédente ?

Je n'aime pas me réveiller en m'en souvenant, de ces cauchemars. Surtout ceux-là, ceux du matin du match. En début de carrière, je rêvais d'arrêts impossibles. Je rêvais en accéléré, d'un corner, d'une tête, et de mes mains qui réagissaient avant même que la balle ne soit partie. Mes mains qui me paraissaient d'acier vrombissaient à sa rencontre. Elles martelaient la balle pour la renvoyer tellement loin. Je me voyais décollant pour capter un tir à une altitude folle. Je me voyais exploser dans les pieds d'un attaquant avant même qu'il n'ait pu me voir démarrer. Je me voyais faire gagner mon équipe. Et le soir-même, je le faisais. Je l'ai fait. J'ai tout gagné. J'ai été champion du monde !

Alors pourquoi, un par un, ces rêves ont-ils été remplacés ? Jeune, je n'imaginais pas ce que je pouvais saboter. Les ballons qui rebondissent sur une motte, les dégagements déraillés, les gants qui glissent. La rouille m'a grignoté lentement. Et les peurs sont venues recouvrir les espoirs fous.

Je me réveille, suant, soudé sur mes appuis. Le chrono s'était empâté, la balle gravitait dans les étoiles, et j'étais de plomb. Une révolution parfaite, elle est retombée derrière moi, sans que j'ai pu actionner un mouvement. Et ça durait...

Je me réveille aujourd'hui, et dans mon cauchemar, la passe en retrait fusait. Je savais que je ne devais pas la quitter des yeux, qu'elle venait trop vite. Je sentais la présence de l'attaquant, aussi, pas besoin de le regarder. Et je connais mes défenseurs et je savais où les trouver. Pourtant, soudain, je levai la tête. Juste un instant, là, je levai la tête. Le mauvais contrôle, la fuite, l'interception, le tir, le but. Il n'y avait aucune raison de lever la tête. Pire : il ne fallait pas lever la tête, là. Et sur mon pied, je sentais le ballon se retirer...

Je me réveille aujourd'hui, matin du match, en sueur, et dans mon cauchemar, le stade était un bateau qui sombre. Les tribunes remplies d'eau attiraient le côté gauche vers le fond. Le stade allait se retourner. Je courais, mais ça ne suffisait plus. La pelouse penchait trop. Alors je plantais mes doigts dans la terre, pour m’agripper. Et l'herbe formait comme un mur. Je grimpais, j'escaladais, pour essayer de monter, de gagner le haut... Comment les adversaires pouvaient-ils encore courir ? Et alors qu'épuisé je reposais ma joue contre la paroi verte, je voyais Robben s'enfuir, vers la surface.

Je me réveille aujourd'hui, matin du match, en sueur, enroulé dans ces draps qui seront bientôt changés, et dans mon cauchemar je réalise que la seule part d'irréalité tient à un infime détail. Le match c'était hier.
Journalisée

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