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« Répondre #1 le: 15 Janvier 2006 à 00:27:23 » |
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. Lens, Lyon, Nice... ou Toulouse ? Le nom de l’adversaire n’y change rien : j’ai beau reprendre la situation par tous les bouts, le constat reste le même. Je déteste voir le Paris Saint-Germain perdre. Et c’est tout. Alors il y a des lendemains, et des surlendemains de matches qui sont difficiles. Mais quand en plus le surlendemain d’une défaite se trouve être une veille de match au Parc, alors on atteint des sommets.
Même dans mes bonnes heures, je ne suis pas fair-play. Je ne suis pas bon joueur. Je ne suis pas de bonne foi. Et surtout, surtout, je ne suis pas bon perdant. Certains supporters possèdent sans doute ces qualités. Moi non. Aucune. En un sens, je me dis que ça en laisse plus pour les autres. Mais d’un autre côté, je trouve cela parfois assez délicat à gérer. Surtout après une défaite du Paris SG. Parce qu’alors là, plus rien ne va. Oh, les jours de victoire, je m’assume parfaitement : le beau jeu est un concept qui m’indiffère, et il y a bien longtemps que j’ai compris que le football n’était pas le patinage artistique. Depuis, les notes de technique, les beaux mouvements, les élans gracieux et les prouesses esthétiques devant des spectateurs béats n’ont plus aucune importance. Au final, seul le but qui vous donne une marque plus élevée que votre adversaire compte. Et seule la victoire est belle. Le Catenaccio me procure une satisfaction quasi extatique quand il est récompensé par une victoire des Rouge et Bleu. Les grigris inutiles, les joueurs qui dribblent la moitié de l’équipe d’en face mais s’empalent sur le gardien, les reprises acrobatiques qui frôlent la barre ? Aucune réaction. Un match remporté un à zéro, sans aucune passe correctement alignée, avec un pauvre et unique but de raccroc du défenseur adverse contre son camp ? C’est l’érection assurée pour deux jours. Tout le reste, les considérations de manque de projet de jeu, ou d’animation offensive inexistante, quand les trois points sont au bout, je le laisse aux spécialistes, aux tacticiens des bouts de comptoirs. Je ne suis qu’un supporter. Et à ce titre, je déteste la défaite. Point final.
Alors vendredi j’ai passé une sale journée. Lendemain de défaite. Et aujourd’hui, samedi, alors que j’écris ce texte, je passe une sale journée. Surlendemain de défaite. Sauf qu’en plus, demain il y a match au Parc. Quelque part c’est encore pire... Parce que toute la rage, et toute l’envie de revanche sont concentrées en un même moment.
Après une défaite, étonnamment, il y a des tas de gars qui tout à coup se souviennent de mon prénom au travail. Vous savez, tous ces connards qui ne me parlent jamais habituellement ; les sans clubs, les non-supporters, tous ceux qui m’ignorent quatre jours sur cinq. Ceux vers qui je ne vais d'ailleurs pas non plus... Là, ils viennent me taper dans le dos. Un besoin irrépressible de venir me baver dans les étagères leur vrille soudain le colon : « - Alors, il paraît que le PSG a encore perdu ? » Bah oui, super, je vois que tu es à l’affût des dernières news, ça ne fait guère que deux jours que tous les médias ne parlent que de ça, je te félicite. Sauf que demain, il y a Paris SG - Troyes. « - Non parce que ces temps-ci, ils sont mal barrés le PSG. C’était bien la peine de virer l’autre, là, Fournier !... » Génial, en plus j’ai affaire à un gars qui se croit connaisseur. Il va alimenter la conversation avec tout ce qu’il a entendu sur RMC la veille, j’en ai pour deux plombes. Il faut juste tenir... Demain, il y a match ! « - Il paraît qu’en plus ils ont joué comme des merdes. Mais ça, tu dois avoir l’habitude hein ! » Si ce crétin me parle du Beau Jeu à la Nantaise, je le frappe. Le match, VITE !
Un surlendemain de défaite, qu’est-ce que vous voulez répondre ? De toutes façons on a perdu. Quand bien même on aurait bien joué, qu’est-ce que ça changerait ? Un perdant, même joli, volontaire ou méritant reste un perdant. Putain de défaite. Putain de club, putains de joueurs, putains de dirigeants et putain de putain de veille de match !
Cette rencontre, il va falloir la gagner. Pas pour le classement. Je ne le regarde même plus. Demain, il va falloir gagner. Pas pour l’honneur, ni pour la série, ni l’invincibilité à domicile, ni l’Europe, ni le club, ni rien... Je ne vois plus tout cela. Un surlendemain de défaite je ne vois plus rien. Demain il va falloir gagner parce que je déteste perdre. Parce que j’ai la rage, comme à chaque fois.
Ca me fait chier de rentrer dans ma tribune avec les oeillères, oui. Je n’aime pas débuter un match avec une colère froide dans les épaules. Être bloqué, tendu, uniquement axé vers la victoire ne m’amuse pas. Je n’aime pas venir en sachant que je ne prendrai pas de plaisir. Mais ça se passera comme ça. C'est tout. Pas de tifo, pas de fumi, pas d’échauffement de joueurs, de discussion avec les voisins, pas de fête. Rien à voir. Le match, le match, le match et gueuler ! Pour gagner. Parce qu’il y a une ardoise à effacer. Parce qu’il y a un adversaire à battre, et parce qu’en tant que simple supporter, il faudra tout faire pour que ça se passe comme ça. Une équipe à soutenir, un adversaire à battre, et c’est tout. Je sais que je ne suis qu’un quarante millième du Parc, je sais que si les joueurs ne veulent pas courir je n’y changerai sans doute pas grand-chose. Je sais ce que je vaux... Le peu que je vaux. Mais je sais surtout que je déteste perdre. Alors je refuse l’idée même de voir se reproduire l’humiliation de jeudi sans rien faire. Pire, je ne me pardonnerai pas de faire autre chose que mon maximum demain. Je suis le petit supporter d’un grand-club. Rien de plus. Mais rien de moins. Alors je vais me battre. Avec mes armes.
Après ? Advienne que pourra. Mais en attendant cette déferlante, et en attendant de pouvoir enfin tout donner, il va bien falloir vivre ce samedi. Ce surlendemain de défaite. Cette veille de match. En espérant que ce soit une veille de victoire. Et en sachant qu’en tout cas, on sera quelques uns en tribune à tout faire pour. C’est déjà ça.
Arno P-E
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