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« le: 16 Mars 2006 à 14:54:42 » |
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Un nul à Nancy, une victoire à la Duchère, deux matches, quatre buts, et au lieu de nager dans le bonheur alors que mon équipe parvient de nouveau à trouver le chemin des filets, un doute affreux me taraude... Et si le Chat Noir, c’était moi ?
Samedi dernier, j’ai pourtant commencé mon week-end sportif en vivant un petit bonheur comme il en arrive trop peu souvent. Ayant bossé comme un malade toute la semaine, je n’avais pas du tout pu suivre l’actualité du Paris SG. Pas une seule lecture du quotidien sportif, zéro connexion sur le net, pas même un petit coup de fil à un ami bien renseigné sur les dernières aventures médiatiques des Parisiens. Rien. Quelle semaine de daube ! Alors le samedi, vautré devant ma télé devant un match du tournoi des six nations, une inspiration soudaine me fait empoigner la télécommande. Je zappe, et pouf... Stade Français – Perpignan ! Ah... Voilà qui est sympathique. Je ne savais pas que les si brillants organisateurs du Top 14 de Rugby collaient des journées de championnat en pleine trêve internationale, mais si les voisins de Jean Bouin sont retransmis, c’est plutôt une bonne surprise... Gniaaah... Un soupir voluptueux, et je m’effondre un peu plus sur le canapé, quand mon oeil est soudain attiré par le coin supérieur gauche de l’écran. Merde, c’est bientôt la mi-temps, et maintenant que je suis en position spéciale relaxation, la télécommande est bien trop éloignée de ma main. Cinq ou six bons centimètres, au moins. Autant dire que la zapette est définitivement inaccessible quoi. Tant pis, je subirai les lancements spécial Canal : le très grand match bah y va être très grand, et très bien alors continuez-y donc à nous regarder. Pfff... Même en plein week-end, ça entraîne les rouages de mon cerveau endormi. Ah la la, ils nous prennent vraiment pour des veaux, totalement abrutis et que la flemme aurait rendus incapables de zapper sur cette chaîne. N’importe quoi. Bon, bah du coup je vais regarder ça... J’ai trop la flemme de zapper moi. Les premières images de la préparation du match suivant arrivent et... Ouais ! OUAISSSS !!! Oh les cons, ils retransmettent Nancy – Paris Saint-Germain, et avec tout ce travail, je ne le savais même pas ! Ca pour une bonne surprise, c’est une méga extra bonne surprise !
Ne parlons pas de "chance"...
Voilà un moment d’intense bonheur, l’attention qui fait plaisir. Retransmettre un Nancy-PSG, fallait oser. Il y avait quoi ? 5 % de chances que ça arrive ? Pas beaucoup ça... Mais que ça arrive sans que je le sache ? Allez 0,5 % de chances... Limite impossible. Et qu’au final, en plus, je m’en rende compte une heure avant le début du match ? 0,00005 %, grand maximum ! Mais ils l’ont fait. Oh la vache... Immense. Peut-être que je ne suis pas si malchanceux que ça finalement. Peut-êtr que... Euh... Non, ne pas y penser. Penser à autre chose, tout de suite. Hum. L’organisation de la soirée, avec ce match imprévu : Début de la partie 17 h 15, rendez-vous chez les copains pour la soirée, 19 h, et les deux gamins qui ne sont pas baignés, pas préparés, rien du tout. Là, ça colle pas. Faudrait s’y mettre tout de suite en fait. Hum... Ou alors on va dire qu’il suffira de ruser : peut-être que deux bains de vingt minutes ça se fait pendant une mi-temps d’un quart d’heure, et que pour être là-bas à 19h, sachant qu’il y a presque trente minutes de route, on n’a pas besoin de partir avant la fin de la rencontre ? Genre 18 h 59 ? Hum...
La fin de Stade Français – USAP (ça pue ?) est arrivée avant que je trouve une solution satisfaisante. Et comme pendant un match du Paris SG je suis trop concentré pour bénéficier de quelque capacité de réflexion que ce soit quant aux soucis du monde extérieur, bah j’ai attendu la pause nancéenne pour me secouer un peu.
Quelles quarante-cinq premières minutes affreuses, soit dit en passant ! On a tout le temps la balle mais on n’est pas dangereux, puis on se prend un but spécial PSG (a.k.a. « le-ballon-détourné-qui-rebondit-sur-le-pied-de-l’adversaire-qui-sait-pas-pourquoi-il-était-là »), et on sombre, sombre, sombre... Je monte faire les BGV (Bains à Grande Vitesse), je redescends et ouf... j’ai loupé que sept minutes de jeu. Tiens, un ralenti d’un gars qui s’effondre. Et oh, mais il s’effondre dans notre surface celui-là ! D’où il s’effondre dans notre surface lui ? Oh putain, un autre ralenti, avec un gars de Nancy tout seul devant Alonzo... Grumpf... Hum... Mais alors ? TAaaaAAH ! Penalty ! J’ai loupé un penalty ! Y avait peno et personne m’a prévenu... Mais ils vont arrêter avec ces ralentis de merdeuuuuh ! Un penalty c’est déjà long en vrai, mais alors au ralenti, quand on ne connaît pas l’issue, je peux vous jurer que... À côté ! Il l’a mis à côté ce niais ! YEEEEEESSSSSS !
Raaaahhhh... Ca fait du bien.... Dommage que je l’ai pas vécu en live. Pas de pot pour moi, mais c’est bien pour le club. Bon, re-vautrons-nous un peu, je sens que la roue tourne. D’ailleurs on joue un peu mieux, Rothen se bat, Pichot se barre, et... Gné ? Quoi les cheveux ? Ah parce qu’il fallait leur sécher les cheveux aux gamins aussi ? Bon, bon, je remonte. Faites des gosses, je vous jure. Si on m’avait dit que ça m’empêcherait de voir un bout de Nancy – PSG le 11 mars 2006, j’y aurais réfléchi à deux fois avant de procréer, je vous le dis moi. Parce que pendant l’acte, les Nancy – PSG, bah on n’y pense pas, et quelque part c’est tant mieux. Le taux de natalité s’effondrerait sinon. Sûr... Et qui c’est qui payerait nos retraites si on pensait à ASNL - PSG au lieu de ne penser qu’à satisfaire nos bas instincts ? Bah personne, et en plus... Bon, ahié, je redescends ! Et j’espère que ce coup-là je serai plus dérangé : c’est que j’ai besoin de ma concentration pour suivre un match moi, je suis pas comme... Oh ! 1-1 ! Mais c’est pas vrai, je monte cinq minutes, ça fait un mois qu’on marquait plus, zéro but, rien, et là pouf ils égalisent... Ils le font exprès ma parole ? Je me suis gelé au Parc comme une buse pendant des matches entiers, je les ai regardé à la télé, j’ai suivi tout ce que je pouvais, j’ai grillé des litres de carburants, je me suis pété les cordes vocales... Avouez tout de même que je suis pas verni ! C’est bien simple, on jurerait que... Non. Non, non, non, on va passer à autre chose.
Troublantes coïncidences ?
La fin du match ? Oui, parlons de la fin du match : c’est bien ça. On presse, on joue vraiment pas mal, il y a du mouvement, des occasions, j’y crois à bloc... Mais Pancrate nous rate sa spéciale « je marque dans les arrêts de jeu, je suis un héros ». Je croyais pourtant qu’il avait une exclusivité là-dessus, mais bon. Tant pis... J’aurais pas pu voir de but de la victoire. J’éteints la télé, je soupire et on y va. Quoi en retard chez nos amis ? D’où ? On a rendez-vous à 19 h et il est... Ah, oui, 19h10. On va être en retard...
Bon, passons à la Duchère. Vaguement inquiet, je décide de ne pas suivre le match. Juste pour vérifier un truc. Au cas où. Une vague intuition. En plus j’ai pas Eurosport alors... Seulement Thibaut m’appelle pour me donner des news. Allo... Salut ! T’as le score ? On mène 1-0 ? Bueno a marqué ? Sur corner ? Non... Non, c’est pas possible, tu te fiches de moi là, et vraiment c’est pas drôle... Mince, t’es sûr, 1-0 ? Bah ça alors... Hein ? Quoi ? Comment ça Letizi fait une boulette, et le ballon va rentrer...
Je sais, je sais que ça n’est pas poli. Et je sais que ça n’est pas sérieux non plus, qu’il n’y a aucune logique. N’empêche que je lui ai raccroché au nez. Et que Cissé a sauvé notre but sur la ligne. Quand je n’écoutais plus. Ca je ne l’ai appris qu’après, quand Thibaut m’a rappelé. Mais ça fait beaucoup en deux matches. Pour continuer l’expérience, je suis allé suivre la fin de la rencontre sur le net. Je voulais vérifier si ça venait vraiment de moi. Ca me reprend à intervalles réguliers. C’est idiot, il n’y a aucune explication scientifique, rien... N’empêche. Je ne peux pas me défaire de ce doute. J’ai beau repousser le problème, il remonte à la surface, régulièrement. Serais-je le Chat Noir du Paris SG ?
Un concentré de pas-de-bol
Là, je ne vous ai donné que de petits exemples, pour le fun. Mais quand on regarde sur le long terme, quand on remonte aux origines de ma passion pour le club, vous avouerez qu’il y a de quoi douter : plus je me suis investi, plus j’ai tenté d’aider le Paris Saint-Germain, et plus le club a plongé. J’ai commencé à aller très régulièrement au Parc pour les matches du championnat en 1996. La saison où on se fait remonter dix points. Je me suis abonné pour la première fois en 2000. Depuis, on n’a pas accumulé les réussites, c’est le moins que l’on puisse dire... Lors du match contre La Corogne, j’ai pris la retransmission à 3-0. Vous connaissez la fin. Mes deux premières finales, c’est Paris SG – Gueugnon, et Paris SG – Auxerre. Deux défaites. J’ai fait je ne sais combien de déplacements avant de voir une victoire du Paris SG à l’extérieur (cinq défaites de suite, je crois). Lors de Paris – Chateauroux, pour une fois qu’on gagne un trophée, depuis le temps que j’attendais ça, il a fallu qu’un troupeau éprouve le besoin de siffler le lever de la Coupe. J’en chiais depuis près de dix ans, j’allais enfin récolter un peu de joie, mais non, faut que ça siffle... Et là, contre la Duchère, je vais me brosser les dents, et quand je reviens, Pauleta en a claqué deux sur ses deux premiers ballons. Non mais vous avouerez que c’est troublant tout de même ! Je passe une heure devant le fil info Internet, à cliquer comme un maboule pour réactualiser les pages, il ne se passe rien. Rien, rien, rien... Je m’éloigne du PC, et zou, deux buts en deux minutes.
Alors bien entendu, je me dis que tout cela n’est que superstition. Que je ne dois pas m’en faire. Qu’à la limite je me donne trop d’importance, qu’il faut arrêter l’égocentrisme. C’est vrai quoi, il y a 39 999 autres gars au Parc, dans le lot il doit bien y avoir un ou deux chanceux pour équilibrer avec moi. Allons bon...
Mais invaraiblement revient le jour où je bascule du côté obscur : Je suis un poissard, c’est comme ça. Je chante, je suis abonné, je défends le club à chaque fois qu’un de mes collègues l’attaque, j’écris des chroniques, j’essaye d’aider le Paris SG de mon mieux... Et finalement, le seul service que je devrais lui rendre, ce serait peut-être de me barrer ? Parce que confusément, tout au fond de moi, j’en ai la conviction... Je le grommelle les soirs de défaite, quand il n’y a plus aucun espoir. Quand je lis qu’on va partir au Stade De France, que tous les joueurs préfèrent signer à Nantes, Monaco, n’importe où sauf à Paris, bref quand tout est bien glauque, ça sort tout seul... Putain, et dire que si j’arrête tout je suis sûr que ces cons seraient champions l’année suivante ! Mais j’en suis sûr ! Là, ce serait une vraie preuve d’amour pour le club. Le gars tellement convaincu d’être un pauvre nuisible qu’il préfère se barrer.
Sauf que vous ne m’aurez pas ! Tel le concurrent à « Questions pour un Champion », ma seule devise c’est « Je reste ! », et puis c’est tout. Après les matches contre la pseudo-CFA de Marseille, je reste. Après les rencontres où Paris marque dès que j’ai le dos tourné, je reste quand même. Après Gueugnon, La Corogne, Clermont, je suis resté... Je resterai, Chat Noir ou pas, je resterai... Ca prendra le temps que ça prendra, mais je reste. Jusqu’à ce que le Paris SG gagne. Et là... Là...
Bah là on verra. Mais en attendant, dimanche, j’ai un match contre Auxerre moi.
Arno P-E
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