.En voilà un joli mot : maelström...
J’ai pris mon dictionnaire, je l’ai ouvert, et voilà ce que j’y ai lu :
Maelström : nom d’un tourbillon de la côte norvégienne. 1- Courant tourbillonnaire marin. 2- En littérature, tourbillon.
« Paris est un maelstrom (sic)
où tout se perd » (Hugo).
Je voulais vous faire part de mes impressions après l’annonce du départ de Cana à
Marseille, vous expliquer combien d’idées, de doutes et d’interrogations se bousculaient en moi. L’image qui m’est venue était celle d’un maelström... J’aime bien ce mot, mais je souhaitais être sûr de son sens exact, ainsi que de son orthographe, alors j’ai consulté mon
Petit Robert. C’est ainsi que je suis tombé sur cette citation de Victor Hugo.
Paris est un Maelstrom où tout se perd. Et quelque part je n’ai même plus envie de continuer ce post. Parce que Victor Hugo est un génie, et qu’en une ligne il en dit bien plus que je pourrai le faire en noircissant trois pages.
Pourtant, et je vais employer un autre mot que j’affectionne, il va bien falloir que je vous livre mes états d’âme. À chacun sa catharsis
...
Je ne vais pas commencer par le commencement, mais par ce qui est partout. Dans tout ce qui s’agite en moi, dans mon petit maelström personnel, une question revient sans cesse à la surface.
Mais pourquoi diable Cana a-t-il souhaité partir ? Ca, je ne me l’explique pas. Ou plutôt, je ne parviens pas à trouver une explication satisfaisante. Attention, je ne dis pas qu’il n’y a aucune explication logique, je ne dis pas que je ne trouve aucune explication crédible... Je ne dis que je n’en vois aucune qui me satisfasse. Nuance.
Cana partirait pour gagner un temps de jeu supérieur. Bon... C’est finalement plus respectable que l’attitude d’un André Luiz qui préfèrait glandouiller en CFA plutôt qu’être transféré dans un bon club de L1. Sauf que Dédé Luiz n’était même pas sur le banc. Il n’avait aucune chance de jamais devenir titulaire. Cana en revanche était premier sur la liste complémentaire au poste de récupérateur, et premier également pour le post de défenseur central.
Mais mince, il était sûr qu’avec les aléas du football, il serait amené à jouer ! La CFA, les blessures, les cartons, qui peut croire que Cana ne jouerait jamais ? Cela ne le satisfaisait pas ? Il souhaitait davantage. Être titulaire ?
Là encore, en y réfléchissant, vouloir être titulaire est plutôt une qualité chez un sportif de haut niveau. Cela montre que Cana n’acceptait pas d’être battu, d’être devancé. Mais ce que je ne comprends pas, c’est sa réaction : au lieu de se battre, au lieu de tout faire pour gagner sa place, il a choisi la fuite. Le départ.
Voilà un comportement que je trouve totalement indigne d’un compétiteur, d’un battant.
Je ne parle même plus d’amour du maillot, de fidélité à un club qui l’avait formé, je ne me fais plus guère d’illusions à ce sujet. Je parle juste d’un footballeur professionnel qui préfère quitter son club au bout de quatre matches plutôt que de se battre pour gagner sa place. Ca me sidère !
Tout le monde connaît Cana, sa volonté et sa grinta sur le terrain. Et voilà que ce gars baisse les bras en mois d’un mois ? Ca ne colle pas. Il y a forcément autre chose.
Autre chose ou quelqu’un d’autre. Un autre joueur ? Hum... Un autre joueur. Voilà ce qu’il nous faut désormais. Le tourbillon a tourné, encore, et il nous apporte de nouveaux soucis... Chacun ses problèmes. Cana était un replaçant polyvalent, un joueur très précieux dans notre effectif. La valeur ajoutée, le gars qui fait que si le titulaire se blesse, le remplaçant sera tout aussi bon. Nous ne sommes pas face à une défection dramatique comme l’an passé, puisque au vu du banc, Fiorèse était un élément irremplaçable de l’équipe type. L’équipe était construite autour de FaFio. Cette année, Cana n’a pas ce statut. Un départ de Dhorasoo, Pauleta ou Yépès serait dramatique. Celui de Cana est juste consternant, et préoccupant.
Parce que si Doud’ Cissé peut le remplacer devant la défense, on voit bien avec sa suspension que l’effectif est devenu très juste à ce poste. Et carrément insuffisant en défense centrale, si on prend en compte le fait que Fournier ne semble pas faire une totale confiance à Badiane.
Si on veut retrouver un groupe où tous les postes sont doublés, en bref un groupe susceptible d’être champion, il faut recruter.
Moutier va devoir activer ses réseaux... Il lui reste 6 jours pour dégotter la perle rare. Soit un défenseur central, soit (et ce serait mieux), un joueur capable d’évoluer au milieu et en défense... Et si le gars pouvait s’adapter très rapidement, supporter la pression et répondre aux attentes d’un public hyper exigeant, ce serait une bonne idée. Oh oui, il me semble que Moumoute va mériter son salaire la semaine prochaine.
Tout comme Blayau ? Nouveau coup de tournis dû au tourbillon. Et oui, Blayau est bénévole, il ne touche aucun salaire, alors certains se demandent logiquement si on n’a pas à notre tête un président à moins de 2 €... Mais pour ma part, je ne lui jette pas la pierre. Mourinho, qui décidément ouvre un peu trop souvent la bouche ces temps-ci déclarait à propos d’Essien qu’il était impossible de garder un joueur qui souhaitait partir dans un club capable de verser un prix acceptable pour son transfert. Blayau a eu raison de ne pas essayer de garder Lorik envers et contre tout, car je préfère cette politique là, plutôt que la Mourinho deuxième version, la spéciale Ricardo Carvalho... Humilier un gars en public, puis s’en vanter dans la presse tout en précisant que le vestiaire doit rester un lieu secret, c’est pas mon truc...
Que pouvait faire Blayau ? Fixer un prix prohibitif, ou déclarer Cana intransférable n’aurait fait que démotiver Lorik, le frustrer. Il serait resté à Paris, certes, mais malheureux, démobilisé et donc susceptible de nuire au groupe. Il aurait traîné les pieds à l’entraînement, et parlé à la presse tôt ou tard. À part faire jouer un gars blessé, je crois qu’il n’y a rien de pire que de garder un joueur qui souhaite partir...
Parce que le maelström vient de terminer un tour complet : Cana souhaitait aller à l’
OM. Retour à la case départ. Pourquoi ? Pourquoi rejoindre un club sans fond de jeu, presque dernier du classement, qui n’a jamais été capable de tenir une seule de ses promesses, un club dans lequel aucun joueur, ni aucun dirigeant ne s’est imposé plus d’une saison depuis 6 ou 7 ans... Je ne comprends pas. Ou plutôt j’ai peur de comprendre. Peut-être Cana aime-t-il ce club comme nous aurions voulu qu’il aimât le
Paris Saint-Germain ? Qui sait... L’amour rend aveugle. Comment peut-il leur faire confiance autrement ?
J’ai lu ici et là, pendant que mon tourbillon m’entraînait ailleurs que M’Bami nous quitterait à la première occasion, et qu’on ne pouvait lui faire confiance à lui non plus. Je partage un avis désespéré... Je crois qu’il ne faut faire confiance à aucun joueur.
Rothen peut partir demain. Je ne le souhaite pas, mais c’est envisageable. Et ce serait sportivement encore plus gênant.
Du point de vue du supporter, comment vais-je réagir à tout cela ? Parce qu’au fond, c’est bien ce qui compte. Je ne viendrait certainement pas au Parc en critiquant Fournier ou Blayau. Ils sont tombés sur un joueur qui voulait inexplicablement nous quitter. Il ne suffisait pas de lui parler, de le raisonner, de le remotiver ou de lui montrer de la confiance. Non, Cana était au delà de cela, ils ont tout tenté mais rien n’y a fait. J’aime bien Lorik parce qu’il a toujours été réglo sur le terrain et dans la presse. Son départ me chagrine beaucoup. Il ne me manquera pas que sportivement. Mais la saison continue, et seul le
Paris Saint-Germain compte. J’aurai de la peine les premières fois que je le verrai sous le maillot de
Marseille. Puis je m’y habituerai, petit à petit. Et tel Déhu, dans un an Cana me deviendra totalement indifférent.
Paris est un maelström où tout se perd. Les illusions, les joueurs sur lesquels on comptait, les faux espoirs, tout a déjà été englouti. La douleur, à son tour, se perdra elle aussi, forcément. Même si ce sera plus long. Tout se perdra...
Mais avant d’avoir le cœur totalement froid, avant d’avoir vu le maelström avaler la dernière étincelle qui brûle encore dans ma poitrine, je vais en profiter.
Je ne suivrai pas Cana sur la Canebière, même pas dans la haine. J’ai toujours cette envie de me battre pour le
Paris SG en moi. Le championnat ne fait que débuter. Qu’il soit remplacé ou non, la saison n’est pas finie ! Et j’ai encore la force de lutter pour mes couleurs. Mes forces resteront là, je ne les gâcherai pas.
Oh non, décidément, plus j’y pense et plus un détail me paraît important. Plus important que tout le reste.
C’est pas fini !
Arno P-E.