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« le: 08 Décembre 2005 à 02:16:13 » |
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Juste une question : est-ce que vous arrivez à trouver le message caché dans ce texte que j'ai édité ailleurs. parce qu'au vu des réactions, il a pas l'air d'être très clair... Alors, vous voyez quoi, derrière la petite histoire gentillette et très classique, vous ?
Il n’y a rien de bien original à dire que les trois argentins qui ont joué au Paris Saint-Germain ces dernières années m’ont impressionné. Evoquer le souvenir de leur passage sera donc toujours un grand plaisir en ce qui me concerne, et encore une fois j’imagine ne pas être seul dans ce cas. Là où en revanche je me démarquerai un peu, c’est qu’au moment d’analyser ce qu’ils m’ont apporté d’essentiel, je ne parlerai pas du terrain.
Alors certes il était plaisant de voir Pochettino placer sa défense avec ses grands gestes des bras. Sa façon de se relever avec une tête d’innocent après avoir fait une vieille faute me remplissait de joie pour toute une semaine... Oui, personne n’égalera jamais les interventions rageuses de Gaby. Et oui encore, voir Sorin animer notre côté gauche m’a donné du punch à en revendre. Je leur suis reconnaissant de tous ces petits riens, et de toutes les victoires qu’ils ont contribué à donner au Paris SG. Mais ce que je retiens plus de deux ans après le départ des deux derniers d’entre eux, ce qui me reste c’est autre chose.
La motivation c’est le Paris SG
Ce sont des mots. Ces garçons ne parlaient pas souvent, mais quand ils donnaient un interview, ce n’était pas vraiment pour dire qu’ils voulaient jouer à gauche et pas à droite, qu’ils exigeaient d’être titulaires parce que sinon ils se barreraient, ou qu’il fallait jouer avec trois milieux défensifs au lieu de deux... Non, ce genre de déclarations ça n’était pas trop le style argentin. Leur touche personnelle, c’était même plutôt le contraire : j’ai le souvenir bien précis de trois phrases, une pour chacun d’entre eux. Pochettino, à la veille d’une rencontre face à Lyon, le 19 février 2002 : « La motivation, c'est de jouer au Paris SG. Quand je porte ce maillot, c'est une motivation naturelle. Je n'ai pas besoin d'affronter le Real Madrid, Barcelone ou la Juventus pour ça ». Que dire de plus ? Si ce n’est que la mentalité Pochettino c’est autre chose que celles de joueurs qui ne jouent à fond que deux fois l’an, quand ils estiment l’adversaire et leur poste suffisamment intéressants... Match après match, Mauricio s’est battu pour nos couleurs avec la même hargne, la même volonté de vaincre. La même grinta. Toujours... Il y a bien des Parisiens sur le terrain et en tribunes qui peuvent y réfléchir.
La victoria !
Quelques mois plus tard, c’est une phrase de Juan-Pablo Sorin qui m’a frappé. Alors qu’il était blessé pendant l’automne 2003, un journaliste du site officiel lui demande ce qu’il faut lui souhaiter pour le prochain match : de rejouer, de se faire plaisir, de marquer un but... La réponse fuse, deux mots : « La victoria ». Ce qu’il faut espérer ? La victoire. Blessé ou pas, titulaire ou pas, défenseur, milieu, ailier, attaquant, récupérateur, sur le banc, en tribune, il n’y avait qu’une chose à souhaiter pour lui : la victoire. Et Juan-Pi s’est tellement battu pour elle, il l’a souhaitée si ardemment qu’elle s’est donnée à lui plus souvent qu’à son tour. Le capitaine de la sélection argentine n’aura jamais connu la défaite sous le maillot Rouge et Bleu. Qui d’autre peut se targuer d’un tel bilan ? Le pire, c’est qu’avec lui cela semblait presque naturel. Il ne pensait qu’à ça. Gagner. Alors sa répartie, tellement spontanée, m’est restée. Et chaque fois qu’on me parle de pronostic, de vœu, ou simplement d’un match à venir, c’est en espagnol que la réponse me vient instantanément : « La victoria » !
Il faut gagner le prochain match
Mais la dernière phrase, celle qui m’aura le plus marqué c’est celle de Gabriel Heinze. Le début de saison est toujours une période propice aux spéculations. Certains tirent des plans sur la comète, fixent des barres à atteindre, des objectifs plus ou moins clairs. Combien de points faut-il pour être champion ? Doit-on viser la place qualificative en Ligue des Champions ou le titre ? Je déteste cela... C’est si futile et tellement vain. Pire : la fin de l’année civile qui ramène sur le tapis ces soucis d’ordre prévisionnel. Si j’ai vingt-sept points à quatre journées de la trêve, faudra-t-il se contenter de trente-trois ou trente-quatre points avant de partir en vacances ? Et donc faut-il ainsi s’autoriser avec bonne conscience une ou deux défaites en chemin, à l’avance ? Je n’arrive pas à comprendre ce raisonnement : comment peut-on déclarer un bilan acceptable, s’il prévoit déjà une défaite obligatoire ? Comment exiger que les joueurs donnent leur maximum si on les autorise à viser une défaite en chemin ? Mais revenons à notre Argentin. Rien de tout cela pour Heinze. On lui parlait d’un nombre de points à atteindre, en ce début de saison. On lui demandait ce qu’il visait à moyen terme début décembre. On le questionnait à propos d’une barre symbolique, un nombre de points à partir duquel il serait satisfait. Sa réponse fut simplissime : son objectif à long terme ? « Il faut gagner le prochain match. Toujours. »...
Alors à première vue cela peut paraître vide, plat... mais plus on y réfléchit, plus on l’analyse et moins cette phrase de notre Argentin ressemble à une lapalissade. Oui, il faut gagner le prochain match. Toujours. Parce que c’est possible ! Qui peut croire que le Paris SG est incapable de gagner la prochaine rencontre ? Sur quatre-vingt-dix minutes, les Rouge et Bleu peuvent battre n’importe qui. Alors faisons tout pour ! Et pour le match suivant ? Inintéressant pour le moment. On ne se disperse pas. On n’y pense même pas. Juste le prochain match. Il faut le gagner. Le bilan pour la trêve ? Aucun intérêt. Juste le prochain match. Le gagner. La victoria.
Que feraient des supporters argentins ?
Depuis que j’ai lu cette phrase, j’ai basculé de l’autre côté du miroir. J’ai compris ce qui différenciait nos trois Argentins du commun des mortels. Depuis, j’essaye d’appliquer leurs préceptes. Si ces joueurs emblématiques étaient supporters, comment agiraient-ils ? Dans la semaine qui précède un match, Gaby ne penserait qu’à le gagner. Parce que seule la victoire est belle. Il ne regarderait pas plus loin. Il ne réfléchirait pas plus loin. Il laisserait ça aux dirigeants, aux décideurs, aux stratèges. Lui, il ferait son boulot de supporter. Il penserait à son match et à rien d’autre, j’en suis certain. Et quand il rentrerait en tribune, ce serait pour aller chercher les trois points, quelle que soit la compo choisie par le coach. Comme Juan-Pi. La victoire, quoi qu’il advienne. Et ce, quel que soit l’adversaire. Marseille ou Le Mans, c’est le même combat. A la Pokette... Parce qu’en tribune, ils ne se battraient pas contre eux, Sarthois ou Phocéens, ils se battraient pour le Paris Saint-Germain. Alors finalement, l’équipe d’en face... Et en chemin, ils ne s’arrêteraient jamais. Je ne les imagine pas quitter les tribunes avant la fin de la rencontre. Je ne peux les voir arrêtant de chanter quand le Paris SG est mené de 3 buts. Parce que sur le terrain, Gaby, Pokette et Juan-Pi n’ont jamais lâché. Parce qu’ils ont toujours tout fait pour gagner le prochain match, même quand il semblait perdu.
Alors de notre côté, sur notre siège, en tribune, quand on doute, quand l’équipe est ballottée, quand on parle de temps de passages, d’adversaires plus ou moins exceptionnels, de match couperet et de tableau d’affichage trop cruel à la pause, et bien je me dis parfois que la meilleure solution, c’est encore de suivre leur voie, et de tout donner dans un seul but...
Gagner le prochain match.
Après, on verra bien...
Arno P-E
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