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Auteur Fil de discussion: Le PSG roule en Super5  (Lu 2517 fois)
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Arno P-E
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« le: 09 Janvier 2007 à 14:53:30 »

Le Paris Saint-Germain est plus qu'un hobby. On n'est pas supporter des Rouge et Bleu le samedi, le temps du match, et point final. C'est impossible. Il suffit parfois d'un évènement anodin pour prendre conscience de l'étendue des traces que ce club peut laisser dans notre vie.


Hier, j'ai vendu ma vieille Super 5, que mes parents m'avaient offerte en 1994, pour la remplacer par une autre voiture, neuve. Et c'est là que vous devez vous dire que cette chronique, placée sur un site d'actu du PSG va atteindre des sommets d'inutilité. Vous n'aurez pas forcément tort d'ailleurs. Sauf que c'est en cédant cette pauvre antiquité que je me suis rendu compte à quel point le club de la Capitale s'était incrusté dans les plus petits détails de ma pauvre existence.

Une voiture, ça n’est qu’une voiture...

Les conducteurs de locomotives à vapeur avaient l'habitude de donner un prénom à leur machine. Les marins s'accordent à dire qu'un bateau a toujours une âme. Seulement je ne suis ni gréviste... euh, je voulais dire « personnel de la SNCF », ni navigateur, et encore moins fan de tuning. Aussi, j'ai toujours considéré ma Super 5 comme un moyen de transport extrêmement pratique, et basta.

Cette voiture m'évitait de prendre les transports en commun, et donc de devoir subir les extravagances olfactives causées par ces usagers de la RATP qui soit ne se lavent pas (Gérard 47 ans, fonctionnaire des impôts n'ayant pas encore retrouvé la brosse à dents qu'il a perdue en 1992), soient éprouvent le besoin de se tremper dans un flacon de déodorant senteur noix de coco avant de s'asperger de parfum à la vanille (Virginie, 14 ans, lycéenne en string rose). Ma voiture me permettait d'aller faire les courses, elle était bien utile dans Paris parce qu'au vu de son état général déplorable personne n'osait me refuser une priorité, de peur que je tente une arnaque à l'assurance en m'emplafonnant dans le premier venu, et je pouvais la laisser portes ouvertes sans avoir peur que quelqu'un essaye de me la voler, vu qu'elle ne valait qu'à grand peine le prix de ses balais d'essuie-glace.

Bref, une voiture c'est une voiture, et en l'occurrence celle-là était devenue bien pourrie. Seulement voilà, en la vidant pour faire plaisir à ma femme (il faut qu'elle soit à peu près présentable pour le garage tout de même, tu ne peux pas laisser tout ton tas de détritus à l'arrière c'est la honte...), et caressant l'espoir fou de retrouver un petit billet égaré au milieu des emballages de Mac Do de la fin des années 1990, j'ai réussi à remplir deux sacs poubelles de saloperies... et à faire remonter à la surface un sacré paquet de souvenirs liés au PSG.

Le PSG et Boskovic contre un auto-radio

Sous le volant, j'avais tout un tas de cassettes audio. Bon sang, ça faisait des années que je ne les avais pas touchées celles-là. Il faut dire que le lecteur de mon radio cassette était tombé en panne. Je peux même vous dire quand : c'était le 20 septembre 2003. Ca, pour m'en souvenir, je m'en souviens.

C'était le jour d'un Guingamp - PSG, et je me rendais en Bretagne pour aller le voir le match et dormir chez un copain breton. Le lecteur de cassette a rendu l'âme un peu avant Le Mans, sur l'autoroute. C'est une cassette des Rolling Stones qui est restée mortellement coincée à l'intérieur. Le premier souci c'est que j'étais tout seul dans ma Super 5 ce jour-là, ce qui limite grandement les possibilités de discussion, vous en conviendrez. Et l'autre souci, c'est qu'un trajet Paris - Guingamp, malgré les performances légendaires de mon bolide, bah finalement, c'est long. Très long.

D'autant que sur l'A10, entre Le Mans et Rennes, en fait, on ne capte aucune radio. Si ce n'est France Culture, et une autre station dont je ne connais pas le nom, mais qui cette après-midi là ne passait que des chants de messe. Sympa. Je me suis rabattu sur France Culture. Il y avait une spéciale inceste (véridique, ça m'a marqué), c'était génial pour vous remonter le moral avant un bon match de foot. Youpi.

Mais bon, ce soir-là on avait gagné. A dix contre onze en plus. Boskovic s'était fait exclure pour une main dans le rond central, alors que le ballon passait à côté de lui, à deux bons mètres du sol. La faute utile quoi... Marrant de repenser à ça. Enfin, heureusement qu'on l'avait remportée cette rencontre parce que sinon, au retour, je pense que l'on aurait retrouvé ma dépouille sans vie quelque part au niveau de Fougère ou je ne sais quel bled improbable, après que je me sois suicidé en avalant les bandes magnétiques de toutes ces cassettes amoureusement préparées.

En Super 5, direction le Parc, un jour de mariage

A l'arrière, au coeur des strates de détritus amassés et compactés au fil des années (vous saviez que si on laissait un biscuit sur un siège auto, au bout de quelques années il se transformait en Roquefort, vous ?), j'ai remis la main sur quelques billets de matches au Parc. Des billets genre Paris - Sochaux de la fin des années 1990, des PSG - Nice et autres matches obscurs, et même un vieux, vieux PSG - Nancy, daté du jour de mon mariage.

C'est que je me suis marié en Février 2000, pile le jour d'un match contre les Lorrains. C'est ça qui est embêtant avec les mariages : on doit choisir la date tellement tôt qu'on n'est jamais sûr que ces abrutis de la LFP ne vous colleront pas une rencontre à domicile pile ce jour-là. Et rater un match au Parc, ça se fait pas, non ?

Alors du coup on est allé au Parc en Super 5, avec mes deux témoins, vite fait. Mais comme j'ai la grande classe, j'ai pris un billet en plus pour celle qui venait de devenir mon épouse. Et oui, que voulez-vous, on est romantique ou on ne l'est pas. Et c'est donc comme cela que l'on s'est retrouvés à cinq, avec un pote que l'on a ramené sur Paris, entassés dans ma caisse, le jour de mon mariage, pour aller voir un PSG - Nancy. Dans mon souvenir ça avait fait match nul 2-2, mais je peux me tromper.

C'est que je suis allé en voir des matches au Parc avec ce tas de boue. Le nombre de fois que j'ai pu déboucher du tunnel de Saint-Cloud, pour découvrir Paris, l'excitation au ventre, dans cette voiture. J'ai vu la Tour Eiffel baignée de brume, j'ai vu Paris écrasé de soleil pour les matches de reprise, en août, ou transi, ces soirs d'hiver arrosés, quand les gouttes de pluie étaient autant de loupes agrandissant les lumières de la Ville. J'en ai vu tant de ces parties où il ne se passait pas grand-chose, ou la victoire du jour nous faisait croire une énième fois à un « match référence ». Je suis allé en voir de ces défaites qui permettaient à la presse de nous ressortir une bonne vieille « crise » des familles.

La grêle messine n’aura pas mon pare-brise !


Il y a aussi eu ce déplacement en indépendant à Metz, mon premier. J'ai failli me faire étrangler par une bande de messins dont un devait au moins peser 120 kilos. C'est d'ailleurs lui qui m'a traité de « mange-merde » expression très imagée que je connaissais pas avant ce jour, d'ailleurs. C'est aussi à cette occasion que j'ai appris que la mascotte des Grenats s'appelait le Glaoui, ce qui est assez logique pour un club de burnes, quand on y pense.

Ce soir là, on avait perdu, et au retour on avait été pris dans un orage de grêle. A la fin du mois d'août, ça donne drôlement envie de revenir là-bas pour les vacances suivantes. Il avait fallu que l'on s'arrête sur l'aire de repos suivante pour constater les dégâts. Pare-brise étoilé en plusieurs endroits, capots et toit entièrement bosselés, ma brave Super 5 avait plus souffert dans sa chair que l'ensemble des joueurs du PSG, qui ne s'étaient guère foulés ce soir-là.

J'avais eu plus de chance que d'autres, puisqu'un supporter avait loué une Fiat improbable, encore plus petite que ma propre voiture, et avait carrément explosé son pare-brise, et les optiques de ses phares. Le gars était pas fier, et se demandait comment il allait bien pouvoir regagner la Capitale. Il était presque minuit, et on était à environ trois cents bornes de Paris il faut dire. Et pendant ce temps-là, mes deux témoins, encore eux, qui jouaient à la pétanque avec des grêlons gros comme des oeufs de poule sur le parking de l’aire de repos...

Le Paris SG va-t-il jusqu’à nous abîmer, nous ?

Alors entre les cassettes audio, les vieux billets de matches au Parc, les éclats de pare-brise et tous les coups, rayures et autres accrocs de pare-choc, ma pauvre voiture en aura subi à cause du Paris Saint-Germain... Et parfois je me dis qu’il en va de même pour tout ce qui nous entoure. Et peut-être même pour chacun d’entre nous. Peut-être que sans que je ne m’en sois rendu compte, entre 1994, année où je me suis rendu pour la première fois au Parc, année où j’ai reçu cette voiture et maintenant, moi aussi je me suis sans doute un peu rayé, fait enfoncer, casser.

Peut-être que d’entendre des « ta gueule, Bougnoule » venant de la tribune d’en face, peut-être que de lire des banderoles toujours plus à la limite, comme la fameuse « Allez les Blancs », peut-être que voir des gars se taper dessus, contre Galatasaray ou en déplacement, peut-être qu’assister à divers jets de projectiles, grèves des supporters, charges sur les CRS ou les supporters d’en face, même si on n’a directement participé à aucun de ces évènements, au bout du compte, en plus de douze ans, ça use.

Je ne suis pas supporter des Rouge et Bleu seulement le samedi, le temps d’un match, c’est sûr. Le club de la Capitale s’insinue partout, je ne peux plus faire de break et le laisser dehors pour un temps. Jusque dans une vieille épave, bientôt réduite à un simple cube de métal, il s’est incrusté. Je vous en parle parce que je ne m’en étais pas rendu compte auparavant, avant de retrouver tous ces souvenirs. Ce club a marqué mon petit monde. Et moi ? Que m’a-t-il fait au juste ? Je préfère ne pas trop y penser...


Arno P-E

PS : toutes les anecdotes rapportées ici sont rigoureusement authentiques. Ca laisse rêveur.
Journalisée

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