L'un d'entre vous a-t-il lu
Dernier shoot pour l'enfer, de Ludo Sterman ?
J'ai reçu cet ouvrage d'un ami qui bosse chez Hachette et je dois dire que j'en suis très heureux. Pas vraiment parce que je l'ai lu, mais bien parce que je ne l'ai pas payé. Je suis vraiment mal à l'aise avec le concept de ce bouquin. Pour ceux qui n'en ont pas entendu parler, Ludo Sterman y dénonce un dopage organisé chez les Bleus en 1998, mais sous une forme romancée.
Son intw
ici et un lancement
là.
Vous remarquerez la précaution d'usage d'Acrimed dans le chapo :
Lisant ce premier roman, sans se prononcer sur ses qualités littéraires, on ne peut que se demander quels sont ces faits bien réels, ainsi que les nombreux témoignages et documents qui l’ont inspiré. En quoi cette fiction n’est-elle pas totalement fictive ?
Ce livre est une abomination stylistique. Totalement écrit au passé simple (on se demande bien pourquoi d'ailleurs), Sterman, ancien de L'Equipe paraît-il, vous inflige des sentences pompeuses à hurler. De rire ou de dépit, suivant votre capacité à apprécier le second degré. Mais s'il n'y avait que ça, ce serait juste un polar mal écrit de plus.
Non, le souci est dans la forme. L'auteur donne un maximum de détails permettant de voir qui il accuse. Un prodige de 98, meneur de jeu passé en Italie dans un club qui organise un dopage à la Créatine, qui signe un max de contrats publicitaires et a un gros impact sur ses coéquipiers... Puis Sterman parsème des petites contradictions : après la Juve, notre meneur va dans le plus grand club du monde... en Angleterre, et meurt d'un accident vasculaire. Ca plus un autre ancien footballeur qui part se réfugier sur la côte Basque pour y faire du surf, etc. Hum...
Bref, on pige tous qu'il s'agit de Zidane and Co, mais l'auteur se protège derrière un mesquin paravent d'invention, ensuite. Tout ça pour quoi ? Pour accuser Zidane d'être dopé, violent, de battre sa femme, d'avoir quasi forcé ses coéquipiers à se charger.
Et le souci c'est que du dopage, il y en a peut-être (sûrement même) eu. Mais là, avec la méthode Sterman, on ne sait plus qui, quand, comment. C'est une attaque un peu gratuite, en cachette, un procès qui ne dit pas son nom.
Je trouve la méthode très lâche, et carrément insultante. Soit le gars fait un vrai boulot de journaliste, a des vraies preuves et balance sa bombe. Soit il se retient et ferme sa gueule. Mais là on est à base de "tout le monde dit, tout le monde sait", mais en mode grosses rumeurs bien crades. Ce que tout "tout le monde" sait dans les rédactions, ça ne vaut souvent pas grand-chose.
Bref, pour moi, ce bouquin est vraiment à éviter. C'est le prototype du livre qui te laisse en bouche le goût du fiel et de la médiocrité. Beuuurk.