Il est des compte-rendu d’ambiance qui sont plus faciles à écrire que d’autres. Ceux qui viennent après une victoire face à un favori du championnat en font partie
...
Pourtant, avant le début de la rencontre l’avantage était aux Lillois, à tout point de vue. Grâce à la confiance accumulée lors de leurs premiers matches de la saison côté, les Ch’tis se sont déplacés très nombreux, motivés et pleins d’espoir
. Alors comme en plus à 18 h 50, pendant que le Parc commençait à peine à se remplir côté parisien, les Nordistes occupaient déjà tout l’espace qui leur était réservé, autant dire que ce sont eux qui ont frappé les premiers.
Quelques échanges assez peu cordiaux s’ensuivront entre supporters des deux bords, échanges où l’on apprendra tout d’abord que le Lillois aime à fantasmer sur d’éventuels rapports sexuels anaux avec la Capitale
(mais comment fait-on pour sodomiser une ville ? Je me le demande encore, et au vu du résultat ce n’est pas ce soir que la démonstration m’en a été faite
...). En retour quelques Parisiens émettront l’idée que les Lillois sont des gens vivant de la culture maraîchère, mais sans guère de conviction
. Les Ch’tis ne se sont d’ailleurs guère formalisés d’être traités de paysans, se contentant de répondre par de sympathiques gestes de la main, majeur levé vers un ciel chargé de nuages.
Auteuil Rouge a mis beaucoup de temps à se remplir. Les Tigris ayant choisi de se dissoudre, les emplacements sont moins difficiles à trouver en tribunes, ce qui fait que l’on ne se presse guère à plus d’une heure du coup d’envoi
... et que les Lillois ont eu le champ libre pour traiter du Parisien, ou soutenir leur joueurs durant l’échauffement. L’avant-match sera donc à leur net avantage
.
Malgré l'excellente entame lilloise, le Parc ne lâche rienA l’entame du match, pas de tifos excentriques. Il faut dire qu’à trois semaines de la visite de nos amis phocéens (enfin, s’ils retrouvent le chemin du Parc, puisque la dernière fois ils semblent s’être perdus en chemin
), les associations de supporters avaient sans doute mieux à faire que de se focaliser sur cette rencontre face à
... Car malgré les regrets formulés par les joueurs nordistes dans la presse avant la rencontre, il faut bien avouer que le LOSC ne passionne pas encore les foules d’Île de France. Une belle voile pour les Boulogne Boys, accompagnée de trois gigantesques drapeaux suffiront. Une banderole pour Boulogne R1, ce qui est plutôt rare là-bas («
On veut des guerriers »). Côté Auteuil et ATKS, des deux-mâts en pagaille, une banderole pour soutenir le PSG-club Liban en Auteuil Bleu, et quelques fumis chez les Supras :fumis. Rien à Auteuil Rouge, toujours en jachère
. Joli tendu d’écharpes, bien dense, et quelques beaux deux mâts pour les Lillois.
Dès le début du match, les capos d’Auteuil Bleu prennent les choses en main, et une fois l’abominable hymne de la LFP terminé, un très bon «
si t’es fier d’être Parisien tape dans tes mains » histoire de mettre tout le monde d’accord. Pas de préambule, pas de long discours, direct un bon chant, bien simple, repris par la quasi totalité du VA
. Paris souffrira durant le premier quart d’heure sur le terrain, mais en tribunes l’ambiance ne baissera pas. Gageons que les joueurs auront apprécié ce soutien alors qu’ils peinaient à imposer leur jeu. L’appui des supporters n’a pas faibli
.
A noter deux sublimes anecdotes : côté Ch’ti, sur un corner lillois, les supporters s’enflamment, pensant qu’un de leurs joueurs leur faisait des signes... Alors qu’il ne faisait que demander un ballon à un ramasseur de balles. Toujours amusant, vu de l’autre côté :moquer. Côté Auteuil justement, c’est sur le but refusé pour un hors-jeu issu de l’imagination trop fertile d’un juge de ligne que l’on a tenu à se ridiculiser : et oui, quand le monsieur en noir qui court le long de la ligne de touche lève son drapeau, inutile de s’enflammer, même si le ballon franchit la ligne... Non, l’arbitre assistant ne fait pas coucou à un copain en tribune, il signale un hors-jeu
. Cela n’a pas empêché tout un tas de supporters Rouge et Bleu de se sauter dessus en hurlant pendant une période plus ou moins longue... Le temps que même les plus alcoolisés comprennent que le but était refusé
. Dans ces cas-là, perché sur les épaules de son voisin du dessous en agitant son écharpe, et en hurlant des imprécations rageuses concernant Puel et l’intégralité de sa descendance, on n’a pas vraiment l’air fin
. Mais bon, on dira que ça arrive même aux meilleurs. Après ce malentendu, certains supporters de la Capitale, sans doute déçu d’avoir été pris en défaut en voudront toutefois au corps arbitral, mon voisin de devant allant jusqu’à prêter à l’arbitre des préférences sexuelles que le Vatican réprouve
. Si avec ça on n’a pas un super "
classement LFP du public le plus mieux de la L1", j’abandonne...
Une seconde mi-temps tranquille... jusqu'à la boulette de SylvaLa première mi-temps se déroulera sur un bon rythme côté tribunes parisiennes, alors que les visiteurs faibliront au fur et à mesure que leur équipe baissera les bras. L’annonce de la pause sera saluée avec plaisir côté Rouge et Bleu
. La seconde période repart d’ailleurs sur le même rythme, avec quelques nouveaux fumigènes côtés Supras, encore. Prestations vocales tranquilles, honnêtes, et des échanges Auteuil – Boulogne, bref, la routine... jusqu’à la boulette de Sylva
.
Le gardien nordiste capte un ballon en hauteur, et retombe hors de sa surface, balle à la main. Il tente de dégager sur le même temps, mais n’y arrive pas, et l’arbitre, M. Duhamel siffle la faute. S’ensuit un petit cafouillage, l’arbitre paraissant un peu perdu. Le Virage Auteuil comprend qu’il y a un coup à jouer et met instantanément la pression : les bras se tendent, infligeant au portier lillois un carton imaginaire. Grosse bronca, les cris fusent : «
la biscotte ! », jusqu’à ce que Duhamel appelle enfin Toni Sylva. Là, nouveau coup d’intox : «
Rouge, rouge, rouge... ». Chacun sait que la faute ne mérite guère qu’un jaune, mais bon, qui ne demande rien n’a rien
. Ce sera un carton jaune, mais la bronca était belle
.
Une fois le gardien averti, Pauleta et Rothen se placent pour tirer le coup franc, et le Parc tout entier rythme les secondes en frappant des mains... La tension est énorme, et le ballon glisse sous la hanche de Toni
Arconada Sylva
!
But, pour le Paris Saint-Germain : Pedro Miguel... PAULETA ! Bon alors là je ne peux pas vraiment décrire ce qui s’est passé étant donné que mon voisin de droite m’a sauté dessus en hurlant
, pendant que celui de gauche m’empoignait et me secouait comme un arbre fruitier le jour de la récolte
. Mais je crois que le chaos d’après but était pas mal... Et celui du carton rouge de Schmitz était bien sympa aussi
. Il est toujours plaisant de voir un stoppeur adverse se faire sortir pour une faute bien grossière sur ce filou de Pauleta, et les supporters de la Capitale ne se sont pas privés pour l’exprimer clairement à leurs homologues lillois. Ces derniers peuvent traiter le buteur parisien de «
salxxxpe » si ça leur chante. Menés au score et réduits à dix, leur équipe ne pourra pas revenir
. La réponse à leurs insultes est venue du terrain.
La fin de match s’étendra doucement dans la nuit parisienne, Pauleta frappant la barre avant d’être ovationné lors de sa sortie
. Un lillois se la jouera simulatrice et se verra recommander le chemin de l’hôpital par les supporters du
, toujours prompts à donner de judicieux conseils médicaux aux adversaires se roulant par terre
.
, honteusement cassé par une brute lilloise impunie sort sur blessure et sera à son tour acclamé par les tribunes... et Duhamel siffle la fin du match sans que l’on n’ait senti de peur gagner les supporters, ou troubler leurs chants.
Les Lillois parqués, féliciteront leur équipe de n’avoir perdu qu’un à zéro
, sans doute contents en bons provinciaux d’avoir découvert la Capitale, oubliant du même coup la défaite, alors que les Parisiens applaudissent leurs joueurs. Landreau, Rothen, Yepes et quelques autres iront saluer leurs fans, visiblement heureux
. Le Parc se vide, et alors que le speaker annonce l’identité de nos prochains visiteurs, certains croient bon d’insulter les Phocéens par contumace. Comme si on en avait quelque chose à faire des Marseillais un soir de victoire contre Lille
...
Arno P-E, qui se dit que si Tuco est pas content avec ça...