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Auteur Fil de discussion: Némésis et les Moires  (Lu 3273 fois)
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Arno P-E
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« le: 16 Février 2007 à 00:10:19 »

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S’il faut en croire la mythologie grecque, nul ne peut connaître éternellement une période trop faste, ou excessivement contraire. Il existe des divinités qui se chargent d’équilibrer nos destinées. De dispenser la fortune, ni bonne ni mauvaise. Dans la proportion due à chacun selon ses mérites. On dirait bien qu’elles se sont retroussé les manches ces derniers temps !

En tant que supporter parisien, ça fait un bon moment que je pense à elle : Némésis. L’exécutrice de la justice, chargée de punir les mortels qui vivent un excès de bonheur immérité, ou de donner un coup de pouce à ceux qui souffrent injustement. A chaque fois que j’ai pensé « on ne mérite quand même pas ça », ou bien « ça n’est pas possible, la chance doit bien finir par tourner », à chaque nouvelle affaire, pour chaque boulet qui nous tombait sur le crâne, je me suis dit que tôt ou tard, il faudrait solder l’addition... Et que le retour de flammes serait encore plus violent.

Némesis a repris les choses en main !
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Toutes ces épreuves que nous avons subies, je les ai collectées, bien précieusement. Autant de pierres dans mon jardin. Autant de preuves à présenter le jour où Némésis étudierait dans quelle proportion il était temps de retourner le balancier. Mes comptes sont à jour. Et avant Monaco ils n’étaient même plus dans le rouge, mais dans un noir profond.

Quant aux Moires, ces divinités du destin implacables, ces trois sœurs chargées de tisser notre vie... Au fur et à mesure que la première déroule chacun de nos petits fils du rouet, alors que le temps avance, la seconde rajoute des touches de noir pour les moments de malheurs, ou mêle nos vies de fils d’or pour nos jours heureux... La troisième ? Atropos, l’inflexible attend les ciseaux à la main de couper notre brin de laine lorsque notre heure sera venu. Restait à savoir quand Némésis demanderait à ce que nos existences, tous ces fils de laine, soient enfin parés d’or. De nouveau...

Personne ne sait si ça va durer. Personne ne connaît nos destinées, et pour ma part j’ai trop souffert de désillusions successives pour chercher à penser à la longueur de ce fil d’or, de cette période de joie... Mais force est de constater que samedi dernier, sur le coup de 18 h 30, nous avons tous senti la main de Lachéis, la seconde Moire, s’emparer de nos existences, et y commencer une couture de métal brillant. Combien de temps cela durera-t-il ? Nous verrons bien. Mais en attendant, tous, que ce soit au Parc ou devant notre téléviseur, nous avons vécu ce moment ou Némésis, enfin, a repris les choses en main.

Sur ce penalty, il s’est passé quelque chose

En plus de douze ans de Parc, j’en ai vécu des broncas. J’ai le souvenir d’une fin de match lors d’un PSG – Bordeaux que je qualifierai d’hallucinante. Veissière s’était ridiculisé en tentant d’exclure la moitié de l’effectif parisien, sortant les cartons jaunes trois par trois... Distribution générale. Il s’était fait pourrir par le Parc, huer, siffler, insulter... pendant près de dix minutes. Une corrida, une ambiance à faire peur. A un tel point que son chronomètre avait subitement accéléré jusqu’à ce que la fin du match soit sifflée plus près de la 85ème que de la 90ème minute. J’ai aussi en mémoire des actions sur lesquelles les Rouge et Bleu avaient mis une pression monstrueuse, comme lors de bagarres après un tacle appuyé. Mais ce soir-là, sur le penalty de Piquionne, il y avait autre chose.

C’était trop pour nous. Alors que Paris menait au score, alors que la victoire nous tendait les bras après plus de cent jours d’échecs en championnat, ce penalty et l’idée que Monaco allait revenir à 2-2... C’était insupportable. Habituellement sur les broncas les capi braillent dans leur sono pour motiver les troupes. Là, il n’y en a même pas eu besoin. L’enchaînement a fait que tout est parti spontanément.

Quand l’arbitre a désigné le point de penalty, la stupeur a d’abord frappé les tribunes et un silence de mort est tombé sur le Parc. Nous étions comme assommés, frappés par ce qui allait nous arriver : Monaco reprenait du poil de la bête dans le jeu, Monaco que l’on ne bat jamais revenait dans la partie. Monaco allait gagner ce match. Si rien ne changeait, c’était tracé. Les joueurs n’arriveraient pas à encaisser ce nouveau coup du sort, et en tribunes nous ne nous sentions pas assez forts pour rétablir la situation, pour leur redonner le moral. Tous, nous étions tellement fragiles dans ce silence...

C’est là que ce cri est monté. Comme... Comme un hurlement primal. Un son inarticulé, une clameur de mille, puis dix mille, trente mille voix. Ce n’est pas Auteuil, ou Boulogne, c’est le Parc qui hurlait. Et c’est Némésis qui hurlait à travers nous tous. Les sifflets vous donnaient la chair de poule. Quand Piquionne a placé son ballon je sentais mes poils hérissés sur mes bras alors que tout le monde s’arrachait autant qu’il pouvait... Il fallait le faire. Nous devions, nous, le faire. Tous ! Jamais, jamais pendant toutes ces années je n’avais entendu ça.

Il n’y avait pas de haine. Il n’y avait pas de violence. Juste de la rage. Une rage folle, qui a giclé de toutes part. Une rage qui a explosé en plein coeur du terrain et qui a tout ventilé. Eparpillé. Les veines du cou tendues, le corps contracté, tétanisé, et Landreau sur ses appuis. Une furie de hurlements enragés, de sifflets qui vous strient le crâne. Le ballon sur la craie et on poussait encore plus fort ! Encore plus fort !

La théorie du chaos

Piquionne a commencé sa course, mais il n’y était pas. Trop tendre. Trop mou. Quand Landreau a bondi j’ai senti qu’il l’aurait. Landreau a plongé au moment même où le ballon partait et c’était évident qu’il avait choisi le bon côté. C’était évident qu’il capterait ce tir. Dans un tourbillon de cris. Luyindula dit qu’il l’a senti... mais je crois que c’est tout le stade qui a eu cette vision. Joueurs, supporters, journalistes, tous l’ont raconté. Là, à cet instant précis, c’était écrit. L’Histoire avait changé de mains. Landreau arrêterait ce penalty. C’était notre destiné à tous. Et c’est là que les choses ont tourné. C’est là que le Parc a sombré dans le chaos.

La victoire appelle la joie. Les buts des Parisiens appellent les chants. La réussite provoque l’ambiance. C’est naturel. Sauf que nous attendions depuis si longtemps... Tous ces mois passés à encaisser sans rien pouvoir faire. Nous avions tant de revers à évacuer... Tout a basculé. Le chaos qui a suivi cet arrêt à tout balayé. Grecques, pogos de folies, je me suis retrouvé coupé de mon groupe, balancé deux rangs plus bas. Mes voisins ont bondit, on s’est jetés dans les bras de gars qu’on ne connaissait pas. Les écharpes, le drapeau argentin... Et ce bruit ! Le Parc des Princes n’a plus cessé de rugir jusqu’à la fin du match. Les joueurs avaient des ailes, toutes les latérales étaient debout, le poing serré. Les virages, électriques, retrouvaient toute la puissance, toute la fureur d’un âge que l’on croyait perdu... On avait oublié tout ça.

Après ce penalty, nous nous sommes retrouvés. Nous sommes revenus en arrière, effaçant ces galères, ces crasses. En un instant, Paris est redevenu ce qu’il EST, ce que ses gènes portent en eux : le PSG était de nouveau une machine à gagner. Ses tribunes retrouvaient le sentiment de celui qui fait peur, qui écrase toute tentative sonore d’encouragement venus des visiteurs. La confiance, d’un coup, nous a soulevés. Gonflés.

Nous avions tous fait notre travail, enfin. Et cela avait payé. Enfin ! Joueurs, supporters, tous, unis, avaient donné tout ce qu’ils avaient. Une fois ce penalty arrêté, le Paris SG ne pourrait plus être rejoint. Et c’est là qu’a retentit en tribune un chant qui s’était trop longtemps perdu. Alors que Némésis avait fait son oeuvre, alors que les Moires brodaient de nouveau une brillante destinée, de Boulogne à Auteuil, les paroles ont pris tout leur sens...
Le Parc a chanté.

« Ensemble nous sommes invincibles,
Unis par la même passion... »
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Arno P-E
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