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Libé.
PSG, la faute à qui ?
GRÉGORY SCHNEIDER - QUOTIDIEN : samedi 17 mai 2008
Le PSG joue samedi à Sochaux l’une de ces parties de légende susceptibles de faire se bidonner la France entière. Une défaite de Paris a de bonnes chances d’expédier le club aux 70 millions de budget en Ligue 2. Tragique ? Pas plus qu’une relégation de Toulouse ou Lens, ce qui nous vaut cette sentence magnifique du président sochalien Jean-Claude Plessis (qui confesse aussi avoir porté la prime de victoire à 3 500 euros par joueur) dans l’Equipe : «Paris ou un autre, je m’en fous.» Que le PSG joue sa survie sur un match est extraordinaire. Et il y a tout plein de responsables.
aux joueurs
Dans le France Football daté du 6 mai, le capitaine parisien Pedro Miguel Pauleta s’exprime en long, en large et en travers sur les maux de son club. Sur les joueurs : «Ils sont responsables, mais ce sont les moins responsables de tous.» Réflexe corporatiste ? Franchement, la solidarité n’a jamais étouffé l’international portugais, surtout sous la mandature de Guy Lacombe - de décembre 2005 à janvier 2007 -, où il lâcha les cadres (Vikash Dhorasoo, Jérôme Rothen, Mario Yepes) que la direction parisienne avait décidé de se farcir pour cause de salaires XXL. Personne n’a oublié. Le vestiaire parisien est ce qu’il est. Mais Pauleta a raison. Le club a beau cacher ses joueurs depuis des semaines, les matchs suffisent : le type qui crapahute sous le maillot parisien est jeune, hésitant, docile, plein de bonne volonté. Il récite : «C’est mieux de l’emporter à Sochaux», dixit Jérémy Clément, qui nous prend pour des abrutis. Pauleta : «Les joueurs qui sont là aujourd’hui ont les qualités pour jouer dans un Paris-SG qui se débat à ce niveau. […] Les équipes qui n’ont pas les qualités techniques de Lyon ou même de Bordeaux compensent en partie par leurs qualités physiques. Mais nous, même sur ce plan, on est en dessous.» D’où l’impression, certains soirs, de voir les Parisiens déblayés comme des quilles.
à L’entraîneur
Juste après le match contre Saint-Etienne (1-1) samedi, Paul Le Guen a tiré l’échelle : «Saint-Etienne a des joueurs que nous n’avons pas les moyens d’attirer.» Le technicien finistérien dirigera ce week-end son dernier match aux commandes de l’équipe première, donc bon, autant expédier une énorme caillasse dans le jardin de ses dirigeants. Qu’en dire ? En off, de nombreux entraîneurs expliquent qu’il importe de relativiser leur rôle, que le pouvoir va au terrain… ou à celui qui tient les cordons de la bourse. Mais Le Guen a eu la main. C’est lui qui a choisi de titiller l’orgueil de ses hommes en les remplaçant en masse par des gamins de 17 ans cet automne, pour des matchs ni meilleurs ni pire que les autres. Lui qui décida de fragiliser un Pauleta en perte de vitesse, sauf que ses remplaçants n’ont pas le niveau.
Lui surtout qui a pris le job (les responsabilités qui vont avec) et l’effectif afférent : difficile, après coup, de faire celui qui ne mérite pas de se traîner des Mickey de troisième zone. Il y a autre chose. A la notable exception de la dérouillée (0-3) subie à Caen mi-avril, Paul Le Guen s’est toujours pointé devant la presse pour expliquer que ses joueurs étaient bons, qu’ils étaient sur les rails, que c’était bueno. S’il ne s’agissait là que d’un air de pipeau à l’intention des médias, pas de problèmes : ils ont l’habitude d’entendre des conneries. Mais, si Le Guen a raconté la même chose à ses joueurs, ils ont dû le regarder bizarre…
aux dirigeants
Inexistants dans les instances depuis que Canal + a bazardé le club, ceux qui président aux destinées du Paris-SG sont aussi invisibles en interne : c’est ce qu’a laissé entendre Pauleta dans l’interview de France Football, une mine à l’adresse de ceux qui n’auront pas prolongé son contrat somptuaire. Ce que l’on peut dire : l’arrivée d’un joueur comme Marcelo Gallardo en décembre 2006 répond à des motivations strictement marketing, parce qu’il y a eu mort d’homme un soir de match au Parc et que Gallardo reste un nom, même s’il est cuit et recuit.
Il y a pire : l’embauche pour 2 millions d’euros du Brésilien Everton Leandro Dos Santos cet hiver, qui eut cette phrase fameuse : «Je joue un peu comme Ronaldinho.» Après quelques entraînements, le vestiaire parisien (qui sait rigoler) a corrigé : il s’agirait en fait de «Ronald Hinault», un joueur de Promotion de district pourvu d’un faux passeport brésilien. Le bilan d’Alain Cayzac laisse pantois. Ridiculisé par Jean-Michel Aulas (qui a fait mine de vouloir engager Pauleta pour que le président parisien pousse le salaire du Portugais jusqu’à 360 000 euros mensuels) dès son intronisation, il aura aussi aveuglément soutenu Le Guen, négligeant les signaux envoyés par des joueurs sceptiques. Ou sanctionnant un Clément Chantôme parce qu’il a eu le malheur, en octobre, de parler de Ligue 2. Comme ça, on aurait plutôt envie d’avoir Chantôme sous la main avant de remplir une grille de loto.
Des erreurs grossières (dernier match de Le Guen, Everton Robinho), des supputations, un ton bien méprisant... Bel effort, Greg, c'est quasiment au niveau d'une charnière Touboul - Bérard en forme.