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« le: 16 Octobre 2007 à 16:05:08 » |
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Après la crise hivernale, grand classique auprès des médias, après la célèbre Pauleta-dépendance, les supporters du PSG doivent désormais subir une nouvelle hydre médiatique : le syndrome du Parc. Sauf que cette création-là est peut-être bien celle de trop.
Terrible nouvelle : le Paris Saint-Germain ne gagne plus à domicile ! Dans les comités de rédaction on agiterait volontiers le drapeau de la crise ; de toutes manières à Paris il n’est jamais rangé bien loin... Sauf que pas de chance, à l’extérieur, le club de la Capitale limite tant bien que mal les dégâts... pour l’instant du moins. Zut ! Mais alors comment expliquer cet étrange phénomène : pas trop de soucis en déplacement, mais toujours aucune victoire à la maison... Diable, mais c’est le syndrome du Parc !
Alors certains journalistes se sont sérieusement posé la question : le problème des Parisiens ne viendrait-il pas de l’architecture de cette enceinte sportive ? Il fallait oser y penser... Pire, plutôt que de garder cette conjecture pour soit, il fallait oser se déplacer au Camp des Loges, et demander sans sourire aux joueurs si oui ou non jouer dans un stade sonore, tout en béton, et avec des fauteuils de couleur rouge et bleu, cela leur rendait la réalisation de la passe intérieur du pied plus ardue...
La crainte de se faire rire au nez n’est donc pas mortelle. Et le ridicule ne tue toujours pas non plus, puisque ces doctes études architecturalo-sportives ont même été publiées. Respect.
Oui, plus de trente ans après sa construction, grâce à ces merveilleux articles on en a enfin l’officielle confirmation : il semblerait bien qu’il soit possible de jouer au football au Parc des Princes. Ouf, on était tous inquiets, nous voilà drôlement rassurés.
Sauf que nos superbes enquêteurs de l’inutile en reviennent à leur point de départ : si ni la structure béton, ni la pente plus ou moins aiguë des tribunes ne sont à remettre en cause, alors on ne tient toujours pas d’explication aux mauvais résultats du PSG quand il joue Porte d’Auteuil... C’est ballot.
D’où la nécessité d’aller chercher ailleurs... Pourquoi pas du côté des supporters ? Et si c’était la peur des supporters qui tétanisait la cheville des attaquants au moment de cadrer une frappe ? Et si c’était cette crainte de la bronca qui empêchait les défenseurs parisiens de revenir en courant défendre sur les contres rennais ? Pratique non ?
Non.
Le public du Parc a eu son lot de couleuvres plus ou moins difficiles à avaler par le passé. Entre les amalgames douteux qui faisaient des abonnés autant de hooligans, et les sempiternelles accusations de racisme, les Parisiens sont des habitués des clichés en tous genres. Mais celle-là, il fallait tout de même oser la sortir. Fort heureusement, le président Cayzac a publiquement réfuté cette théorie. Parce que accuser le public du Parc de nuire à son équipe, par les temps qui courent, ce serait assez gonflé.
Allez en parler aux supporters de votre syndrome, tiens !
Il faudrait aller l’expliquer à un certain nombre de personnes au stade que les supporters passent leur temps à siffler au premier raté. On pourrait même commencer par les capi des différentes associations. Ceux qui ont empoigné le micro contre Bordeaux quand on était menés de deux buts, pour essayer de faire chanter un virage alors qu’il n’y avait plus un joueur sur le terrain pour croire une victoire possible par exemple. Ceux qui ont lancé des chants à la mémoire de Francis Borelli pour contrer les cris de dépit et de frustration qui montaient des tribunes quand se profilait une nouvelle défaite. C’est à eux qu’il faudrait aller en parler du syndrome du Parc, et des soit-disant sifflets qui pulluleraient. Ils seraient ravis.
Qui peut se targuer d’avoir la force de faire ce qu’ils ont fait ? De tenter de relancer leur virage, et peut-être leur équipe, quand les joueurs se traînent ? Au soir de PSG-Rennes, alors que le score est de un à trois et que l’homme qui tient le méga se dit que personne n’osera siffler sur un hommage à Borelli, quand il se dit qu’en appeler à ce président amoureux du PSG c’est dans l’instant la dernière petite chance de sursaut, quand il trouve la force de ravaler son propre découragement, ses doutes et sa rage pour remotiver tout le monde, encore, c’est là qu’il faudrait aller lui en causer de ce syndrome, tiens !
Et puis dans la foulée, on pourrait ensuite en toucher deux mots à tous les autres. A ceux qui sont au Parc depuis des années. Depuis que le club est à la ramasse. Combien de soirées gâchées pour eux ? Combien d’occasions de revenir au classement perdues ? Combien de déceptions ? On ne compte même plus en matches, ni en mois : c’est en saisons entières qu’il faut parler désormais. En générations de supporters... Parce que rares sont ceux qui ont connu l’âge d’Or du PSG au Parc désormais. Certains n’ont vécu que ça : la déchéance.
Alors certes, personne ne vous force à rester supporter parisien. Ce serait même plutôt le contraire. Continuer à venir au stade dans ces conditions, persister alors que l’on a multiplié les désillusions, ça n’a rien de facile. Supporter ces remarques à la con, jour après jour, au travail, à la télé, partout, parce que c’est si drôle de se moquer du Paris SG quand on n’y connaît rien, on a beau se dire que personne ne nous aime et qu’on s’en fout, et bien à force cela devient quand même dur. Surtout quand cela fait des années que l’on encaisse, que l’on se bat, et qu’en retour on n’a rien.
Borelli le disait mieux que personne : il aimait le club de la Capitale. Cela n’a rien d’anodin. Aimer un club malade, rester à ses côtés quand rien ne va, venir le soutenir en tribunes alors qu’il se galère de crise en crise, ça n’est pas évident. Le voir sombrer et se souvenir du temps où il était au sommet, c’est affreux. Qui peut croire que les supporters du PSG prennent le moindre plaisir au Parc ?
Vivre Rouge et Bleu, c’est vivre la lente descente aux enfers de ses couleurs, de tout ce que l’on aime, de tout ce pour quoi on lutte, et cela dure depuis dix ans. Voilà le quotidien en championnat des Parisiens : la frustration et la tristesse. Depuis dix ans !
Et pourtant, ce sont ces même supporters qui ont construit l’union sacrée au printemps dernier. Tous ceux que l’on décrivait violents, homophobes à leurs heures perdues, et maintenant pourris gâtés, siffleurs, ce sont tout de même eux qui ont soutenu leur équipe sans jamais faillir quand elle était relégable. Ce sont eux qui se sont battus jusqu’au bout, qui y ont cru encore, même quand il n’y avait plus grand-monde pour voir le PSG en L1.
Maintenant ce serait eux qui inhibent des milieux de terrain incapables de ratisser un seul ballon ? Eux qui bloquent par leur mauvais esprit des footballeurs infichus de délivrer une transversale correcte ? Les joueurs Rouge et Bleu auraient peur ? Mais de qui ? Et de quoi ?
D’un Parc rempli de types tellement amoureux de leurs couleurs qu’ils ne les ont pas abandonnées malgré une incroyable somme de regrets et d’amertume ? Des gars qui tiennent juste parce que l’on ne lâche pas ce que l’on aime quand il est au plus mal ? Juste pour ça : le sens de l’honneur qui veut que l’on abandonne pas ses couleurs quand elles souffrent.
Cayzac l’a dit : si un joueur du Paris Saint-Germain a peur de jouer au Parc, alors surtout qu’il n’hésite pas. Qu’il s’en aille. Vite, et loin. Et que l’on n’entende plus parler de ce syndrome. C’est une insulte pour tous les supporters du Parc des Princes.
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