.Un texte que j'ai écrit pour un autre site, mais qui bien qu'écrit en quatorze fois et donc mal structuré peut-être intéressant :
Il suffit parfois d’un tout petit détail pour mettre à jour des pans entiers de la personnalité d’un homme. Le choix d’un mot plutôt qu’un autre peut par exemple donner de grandes indications sur le mode de pensée d’un supporter. « On », « Nous », ou alors « Ils », voilà un petit rien qui fait toute la différence. Utiliser un de ces pronoms personnels après une rencontre n’est jamais anodin quand un fan parle du Paris SG...
Une chose est sûre, à titre personnel, je me méfie de ceux qui se disent supporters du club Rouge et Bleu, se gargarisent les lendemains de victoire en s’accaparant le bon résultat « en avril, nous avons battu Lyon chez eux », mais prennent une distance prudente avec le Paris Saint-Germain les lendemains de défaite... Genre « quand ils ont perdu à Auxerre, ils ont super mal joué ».
Le spectateur choisit de prendre ses distances en cas de coup dur
En fait, dans ce cas, le choix du pronom personnel démontre l’appartenance au club, ou au contraire un rejet à son encontre. Ce choix est un élément très significatif car bien souvent il reflète une pensée inconsciente : le supporter ne réfléchit pas au milieu de sa phrase avant de préférer dire «
Nous », ou «
Ils ». Cela lui coule naturellement, et on évite donc les faux-semblants. Or, que peut-on dire d’un supporter qui se sent Parisien après les bons résultats, s’associe à la victoire en utilisant le «
Nous », mais pense que les défaites sont de «
leur » faute, et préfère s’éloigner de l’équipe après chaque désillusion ? C’est un peu trop facile ! Ces supporters qui sans même s’en rendre compte rejettent le Paris SG après une désillusion sont souvent les mêmes qui oublient que siffler nos joueurs c’est cracher sur nos couleurs, comme l’ont dit les Supras. Ce sont eux, ces supporters qui retournent leur veste sans même y prendre garde qui, après avoir vaguement chanté les cinq premières minutes d’un match, se désolidarisent dès que l’adversaire ouvre le score. Ils passent au silence, ou pire, se mettent à conspuer «
nos » joueurs si l’équipe adverse aggrave la marque.
Finalement, et bien qu’ils ne s’en rendent pas compte, les personnes qui parlent du PSG à la troisième personne après un revers sont davantage des spectateurs que des supporters : ils attendent un spectacle, un résultat, et s’ils ne l’ont pas, ils expriment leur frustration en dénigrant leur club, alors même qu’il aurait besoin d’un soutien maximal. C’est finalement quand on a le plus besoin d’eux que ces spectateurs se retirent du jeu de leur propre volonté, et affirment qu’«
ils » ont trop mal joué, et qu’« ils » ne méritent pas qu’on les encourage.
Le supporter qui dit « nous » n’abandonnera jamais
Alors que celui qui affirme qu’«
on » a été mauvais à Auxerre persiste dans son choix. Même dans la défaite, il préfère dire que «
nous » avons perdu, sans même réfléchir. Il ne faut pas croire qu’il est moins déçu que le spectateur rageux, évoqué ci-dessus... Non, celui qui persiste à parler de «
nous » quand il pense au Paris SG, quoi qu’il arrive, souffre sans doute même davantage. Mais il ne quitte pas le navire, même inconsciemment. Inutile de vous dire que j’ai plus de respect pour ce personnage là que pour tout autre, car je sais qu’il n’abandonnera jamais : avec cette forme de pensée, cette espèce d’identification viscérale au club, celui qui se démène pour qu’«
on » gagne le fera jusqu’au bout. Quand il se bat pour le club, il se bat aussi pour lui-même, alors on peut lui faire confiance ! Car il assumera sa part si les choses tournent mal : un fan qui lâche son équipe en chemin contribue à la défaite. Celui qui dit «
ils » pense que c’est la défaite des autres, des joueurs, du staff. Ca n’est pas sa faute en lui... Alors que le Parisien qui dit «
nous » pense que finalement, c’est un peu sa défaite à lui aussi, quelque part. Oh, ce n’est pas le supporter qui rate les passes, mais peut-être que s’il avait chanté un peu plus, peut-être que s’il avait su motiver ses voisins, cela aurait poussé, renversé le tendance... Ca tient à si peu de choses, parfois.
Mais il reste que beaucoup de non-initiés trouvent absurde, voire choquant de s’identifier ainsi à un club : certaines interrogations reviennent souvent, comme « qu’est-ce qui autorise un simple supporter à employer ce «
Nous », quand il évoque le Paris SG ? Où est la légitimité ?
Le football n’est pas qu’une question d’argent
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L’argument que les amateurs de football non supporters donnent dans ce cas-là consiste à rappeler que le fait d’être abonné, de venir au Parc, ou de suivre une rencontre à la télévision ne fait pas de vous un propriétaire du PSG. Au sens légal du terme, il est donc tout à fait logique de considérer qu’un club ne peut en aucun cas appartenir à ses supporters, de la même manière qu’une marque de voiture n’appartient pas à ceux qui ont acheté un de leurs modèles. Et pourtant...
Il y a une idée fondamentale que cet argument camoufle, un problème que les supporters essayent justement de mettre en lumière depuis bien des années : le football ne peut pas, ne doit pas se résumer à une histoire d’argent. Il ne faut pas que seuls les actionnaires des équipes cotées en bourse aient le droit de se sentir comme des membres à part entière du club. Alors certes il ne s’agit pas de laisser tous les Parisiens passionnés diriger le PSG. Chacun son métier, et la cellule Roche - Moutier est sans nulle doute mieux placée que quiconque pour décider qui il faut recruter ou non ! Mais en revanche, celui qui dit «
Nous » un lendemain de défaite doit être écouté quand il parle des couleurs d’un nouveau maillot... Peut-être plus qu’un obscur expert en marketing venu d’outre-atlantique en tout cas. Parce que le supporter connaît son histoire, et sait être le gardien de certaines valeurs. De même, Fournier, présent à chaque entraînement, décortiquant les cassettes des matches, examinant l’état de forme de chacun saura toujours mieux que quiconque qui doit jouer... Mieux même que le plus fanatique des fanatiques, celui qui se sent partie intégrante du club, qui pense PSG du soir au matin ! Pas question de mélanger les rôles. Mais ceux qui disent «
On » après un revers savent aussi quelles décisions nuiront au Paris Saint-Germain, parfois même mieux qu’un président Breton qui essayait de faire déménager ce club au Stade De France... Parce que ce supporter-là ne pense pas à lui, il pense au club.
Ces fanatiques, j’en parle parce que je les connais. Disséminés dans toutes les tribunes du Parc, serrant les poings de rage après une défaite, parfois plus marqués que certains joueurs, qui partiront au bout de six mois. Ces supporters je lis leur déception dans les forums Internet, j’entends leurs murmures revanchards en cas de désillusion. Mais je vois aussi qu’ils pensent déjà au prochain match, à le gagner. Ils sont partout, debout, ils vivent Rouge et Bleu. Ils lisent la presse, encouragent leurs couleurs et restent Parisiens quoi qu’il advienne. Certes, les titres de propriété du Paris Saint-Germain FC ne leurs appartiennent pas. Non, ceux qui disent «
Nous » un lendemain de défaite ne possèdent qu’une chose : l'âme du club. Cela, Canal + peut toujours revendre son jouet, on ne le leur enlèvera jamais.
Et un jour, c’est leur histoire qui deviendra légende.[/size][/font]
Bon, la conclusion est un peu mièvre, mais je crois qu'il y a moyen de discuter au moins de la première partie. Qu'en pensez-vous ? D'accord ou pas ? Sur quelles parties ? Vous êtiez-vous déjà fait cette réflexion ?
Ce qui me fait marrer c'est que le même jour, Fournier a précisé qu'il fallait que les joueurs disent "
on" au lieu de dire "
je" quand ils parlaient de l'équipe...
Arno P-E