Ces topics commémoratifs ont quand même quelque chose de vaguement inquiétant
: va pas falloir qu'on sombre dans la mélancolie, tels des supporters stéfanois. Peut-on être et avoir été
? Mais je me laisse tout de même prendre au piège. Après tout, de temps en temps, un petit coup d'auto-érotisme mémoriel, ça fait pas de mal
...
Remontons au 4 janvier 2004. Un froid polaire, un Parc à moitié vide, et un PSG mené 2-0, en coupe de France, contre une équipe de L2
. Ca c'est pour le panorama général.
En ce qui concerne mon point de vu local, c'est la tribune K, et une pure, pure ambiance de merde
. L'équipe de bras cassés assis derrière Thibaut et moi vivait alors son heure de gloire. La demi-douzaine d'abrutis qui allaient inspirer le mythe du
Con de Derrière s'en donnaient à coeur joie
. Vous pensez, voir le PSG perdre, enfin une bonne occasion d'ouvrir sa bouche normalement close, pour se plaindre.
Impossible de vous ressortir leurs commentaires exactes, mais je garde le souvenir de critiques stupides, d'insultes gratuites envers nos joueurs, d'une mauvaise foi insupportable et d'une tension telle que nous n'avions plus réussi à les ignorer
. Quant à dire qui de Thibaut ou moi avait craqué le premier, je ne m'en souviens pas. Quoi qu'il en soit nous avions pris à partie cette bande de Carliéristes d'avant l'heure
et les choses avaient failli mal tourner
...
Putain de match
.
Les minutes filent, le froid a percé les chaussures depuis longtemps et désormais les pieds font mal... Coach Vahid ordonne quelquees changements, mais le jeu reste pitoyable
. Pas d'occasions, pas de mouvement sur le terrain, pas de chant en tribunes... Mais surtout pas d'envie, rien.
85ème, déjà le Parc se vide
. Méchanceté de part et d'autre : j'entends Thibaut lancer à un type qui nous demandait de nous lever afin de pourvoir quitter le stade au plus vite "
ouais, c'est ça, grouille toi, t'as un métro dans 12 minutes, hésite pas, cours"
La défaite rend mauvais, et là, à la 88ème minute, sans aucune trace de révolte, que ce soit sur ou en dehors du terrain, sans plus personne pour y croire vraiment... il y avait de quoi devenir rageux par anticipation
.
Seulement voilà, en ce temps-là, le
comptait dans ses rangs quelques Argentins, dont Sorin... et Heinze
. Heinze le chouchou. L'homme à la grinta. Pas un grand technicien, ni un joueur élégant
. Mais un monstre de volonté
. Alors quand il prend le ballon pour tirer un lointain coup-franc, tout le monde le lui laisse bien vite.
Déjà parce qu'étonnament Gaby semble plus que déterminé, il est presque confiant, ce qui a quelque chose de surréaliste vu le climat du match
... ensuite parce que gâcher ce coup de pied, qui est objectivement l'ultime (et infime) espoir de revenir un peu au score
, c'est s'attirer les dernières foudres du public.
Sauf qu'Heinze qui n'a jamais cadré une frappe lointaine depuis qu'il est au
, Heinze qui ne centrait pas, Heinze le pur défenseur va tirer ce coup-franc et...
Oh putain, ce but
! Le but que l'on n'osait espérer sérieusement, ce but que l'on appelle, que l'on annonce par automatisme "
tu vas voir, celle-là il va la mettre", mais plus par réflexe qu'autre chose : sans vraiment y croire
... et là, pleine lucarne. Comme dans un rêve
.
La suite, vous
la connaissez ne la connaissez pas
.
Bien sûr, Sorin va remiser sur Ogbeche deux minutes plus tard, dans une ambiance surréaliste, et nous offrir les prolongations
. Bien sûr Pauleta va clore le score avant même les tirs au but, mais ça c'est la grande histoire, celle qui nous mènera à un titre, une coupe de France
...
Ma suite à moi
, celle qui compte pour l'anecdote, c'est
la revanche. Le retournage et foudroyage du regard du dernier con de derrière encore présent, le seul qui n'a pas fuit en beuglant
. L'heure de la paye qui vient quand on ne l'attendait plus. La joie intense dont seuls peuvent goûter ceux qui n'avaient pas quitté le stade, et qui n'avaient pas chié sur leur équipe 90 minutes
. La revanche du besogneux, et de l'opiniâtre, sur le lâcheur, et le critique officiel
...
Le CDD a-t-il vraiment eu droit à son bras d'honneur à la Mendy, ou ma mémoire arrange-t-elle les choses ? Peu importe... Nous étions heureux, et nous l'avions bien mérité
. Aux hommes de bonne volonté la joie de garder ce but comme un excellent souvenir.
Merde aux autres
!