Et maintenant la suite, que j'avais en fait prévue dès le départ
:
L’homme, devant sa maison...
Je suis bien heureux que vous soyez globalement d’accord avec mon précédent message. Heureux... Et fort déçu que beaucoup n’aient pas bien compris ce qu’il impliquait au juste.
Oui, s’abonner au Paris Saint-Germain, c’est faire du Parc sa maison.
Oui, certains d’entre vous s’apprêtent désormais à rejoindre une communauté, une sorte de famille.
Non, ça ne sera pas une partie de plaisir...
En Europe du Nord, il existe un vieux dicton qui dit la chose suivante :
Quand un homme est debout, devant sa maison, ses armes à portée de la main, alors sa famille et ses biens ne craignent rien.Vous êtes heureux de faire du Parc votre demeure ? Vous êtes joyeux à l’idée de rallier des compagnons ? Comprenez-vous seulement la responsabilité qui en découle, vous qui allez vous tenir à nos côtés, debout, devant notre maison ? Le Parc, aujourd’hui silencieux, baigne dans le calme. Mais que croyez-vous que l’avenir nous apportera ? Dans quel but croyez-vous que les messins vont rentrer dans notre enceinte, dès vendredi soir ? Cette première vague, ce premier d’entre 19 assauts de championnat, l’imaginez-vous pacifique, aimable et guilleret ?
Certains néo-parisiens pensent à leur future bière, à se faire de nouveaux amis, ou à je ne sais quoi. Certains ne pensent qu’à eux, à leur plaisir... Qu’ils se rassurent. De leur côté aussi, nos adversaires n’ont qu’une chose à l’esprit :
venir chez nous, nous humilier.
La France entière va venir défiler dans nos tribunes ! Les Messins ne sont qu’un aperçu, une infime partie de ces hordes de provinciaux qui vont monter à la Capitale pour y rapporter un, ou trois points. Ils vont tous venir, tour à tour, pour essayer de nous battre ! Alors cette avant-garde, il va falloir la traiter comme elle le mérite. Qu’elle rentre chez elle porter un message clair :
au Parc, le Paris Saint-Germain gagne. Cette bande de mercenaires lorrains, il va falloir la battre, tout simplement. Il va falloir agir de façon à ce que les grenats repartent chez eux après s’être brisé les dents sur notre sanctuaire. Il va falloir défendre le Parc. Défendre notre maison.
Serez-vous debout, devant notre maison ? Serez-vous au Parc ? Oui, certainement... Mais avez-vous vos armes à portée de la main ? Elles ne sont pas nombreuses celles du supporter... Il n’y en a que deux :
la voix, et la foi.
La dernière fois que les Messins sont venus chez nous, c’était la grève, avec son cortège de dissensions et le silence en tribunes. Ils auront pris de bien mauvaises habitudes nos adversaires du jour... Ils auront pu entendre le son de leurs propres chants, et chez nous ! Ils sont restés sur ce souvenir : la musique de leurs paroles résonnant dans un Parc déchiré de l’intérieur. Ils voudront vivre cela de nouveau. Ils voudront rééditer cette expérience.
Regardez-les rentrer en tribune F. Regardez-les souiller les bancs de notre Parc. Ils y croient. Ils sont chez nous, ils se souviennent et ils y croient ! Mais si la vague les cueille à ce moment-là, si les voix parisiennes les submergent dès cet instant, alors leur fol espoir sera douché d’entrée.
Notre arme de supporter la plus importante, avant même la rencontre, c’est notre voix.Notre voix cingle, les paroles fouettent l’air, les chants s’abattent en rafales continues... Et les mots tuent. Ils tuent l’espoir du visiteur. Ils tuent sa combativité. Ils tuent sa croyance en une possible victoire.
Que ceux qui débouchent en F soient immédiatement noyés sous notre voix, et notre saison débutera sous de bons hospices...
Mais ce ne sera qu’un début.
Reste la fin du match. Reste la foi.
Personne ne peut promettre la victoire. Malgré le recrutement, le statut, l’Histoire et les supporters... On ne peut promettre que le combat, et la douleur. L’issue, on ne la connaît pas. Et même si on donne tout, même si notre voix résonne à son maximum, on peut très bien être menés par un but à zéro, à quelques minutes du coup de sifflet final.
C’est là qu’il faut utiliser notre seconde arme, c’est là qu’il faut prouver notre foi. C’est là qu’il faut y croire, et tout donner, alors que certains s’enfuient.
Souvenez-vous il y a quelques mois de Sochaux, et des buts de Armand et Yépès dans les arrêts de jeu, alors que nous perdions et que certains se taisaient, ou quittaient les tribunes ! Souvenez-vous de Troyes, il y a un an, et du coup-franc de Heinze qui nous ramène à 1-2 à la 88ème. Il fut suivi de deux buts de folie qui nous permirent de passer ce premier tour de coupe de France. Quelques mois plus tard, le Paris SG remportera cette même coupe. Avant le but de Heinze, certains étaient retournés chez eux. D’autres avaient la foi, et chantaient... Souvenez-vous, il y a douze ans, du Real, et du but de Kombouaré, au bout du bout des arrêts de jeu, alors que de laborieuses prolongations semblaient inéluctables. 96ème minute de jeu, et le Parc bouillonnait encore !
Il s’est toujours trouvé des supporters Parisiens qui n’ont pas abandonné. Il y a toujours eu au Parc des supporters qui y croyaient même quand tout semblait perdu. Il y a toujours eu des Rouge et Bleu qui avaient la foi. Ce vendredi, ou plus tard cette année, lorsque nous serons en difficulté, serez-vous ceux-là ?
Car une chose est certaine. Si vous êtes au Parc, debout, armés de votre voix et de votre foi, alors le Paris Saint-Germain ne craint rien.
Arno P-E