Je suis contre la vidéo, mais je suis pour qu'un test se fasse. Je pense que l'on verrait immédiatement toutes les lacunes d'une solution qui n'en est pas une. Et à vrai dire, je suis curieux de voir comment serait faite la mise en place, sachant que tous les pro-vidéos n'ont jamais de réponse claire sur le sujet : la vidéo, quand et comment ?
Je n’avais pas pensé à l’idée de Maître Indy de donner la possibilité aux entraîneurs d’avoir quelques temps morts. Je la trouve très intéressante. Cela peut éventuellement permettre de les responsabiliser un peu en leur donnant une part active dans le déroulement de l’arbitrage.
- pourquoi 3 ? Si un entraîneur a déjà utilisé trois fois son temps-mort, et que Diawara arrive, découpe Brahimi dans la surface, mais que l'arbitre ne bronche pas, que se passe-t-il ? "Désolé M.Antonetti, il fallait réfléchir avant d'utiliser vos trois précédents temps morts !" : je pense qu'on va l'entendre zozoter longtemps Antonetti. On aura peut-être auparavant éteint 3 polémiques. Mais s'il y en a une quatrième, elle sera bien plus vivace.
L’argument est un peu léger. Dans ce cas : pourquoi un carton rouge correspond-t-il à un seul match de suspension ? Pourquoi 2 cartons jaunes correspondent-ils à un carton rouge ? 3 cartons jaunes ce serait aussi bien non ? On peut aller loin comme ça. Le règlement est tel qu’il est. Il peut évoluer et doit être respecté.
Lorsqu’on parle de faire évoluer l’arbitrage, c’est pour lutter contre le nombre d’erreurs d’arbitrages, et non contre les polémiques. 2 ou 3 temps morts vidéo pour chaque entraîneur cela me paraît pas mal…
Si l’entraîneur a usé tous ses temps morts, il n’aura qu’à s’en prendre à lui-même car il n’en aura pas fait un usage parcimonieux.
Il faut ensuite décider si l’arbitre peut avoir un recours illimité à la vidéo ou si, comme les entraîneurs, il disposerait d’un certain nombre de « jokers ».
- la notion d'action en cours terminée. En foot, un ballon peut rester vivant longtemps. Et entre le moment où l'action litigieuse se déroule, et où le ballon est arrêté, il peut y avoir des tas d'évènements (cartons jaunes, cartons rouges, blessure, but, coup-franc bien placé, etc.). Que fait-on si l'action litigieuse en question méritait une autre décision que celle prise initialement par l'arbitre ? On annule tout ce qui s'est passé depuis (et tant pis s'il y a un blessé), et le chrono revient en arrière ? Et si l'on fait ça, pourquoi se limiter à l'action litigieuse ? Si on remonte le film d'un match, il se peut très bien que l'on voit que cette action litigieuse est précédée d'une autre qui l'annule, et ainsi de suite...
Là encore tu grossis le trait à dessein. On ne pourra pas tout arbitrer à la vidéo. Ce n’est ni possible ni souhaitable. L’arbitrage de la très grande majorité des actions demeurera à l’appréciation souveraine de l’homme en noir. Mais je distingue deux cas dans lesquels l’utilisation de la vidéo serait idéale :
L’utilisation serait efficace pour les hors-jeux : lorsqu’il a un doute l’arbitre laisse jouer dans un 1er temps. S’il y a but dans la continuité de l’action : vidéo. S’il y a un corner, l’arbitre (ou l’entraîneur qui le souhaite) peut recourir à la vidéo. En cas de hors-jeu avéré l'arbitre signale le hors-jeu et siffle un coup-franc. Dans les autres cas de figure le jeu se poursuit puisque l’erreur éventuelle n’a pas porté à conséquence : jouez jeunesse !
Deuxième possibilité : lorsque l’arbitre suspecte une simulation de l’attaquant, surtout dans la surface. L’arbitre siffle si l'action ne se poursuit pas. Vidéo rapide : simulation=carton jaune ; faute=pénalty. L’enjeu mérite bien quelques secondes de perdues. A l’heure actuelle ces secondes sont gaspillées en invectives (parfois justifiées) anti-arbitrales. Il n’y a donc vraiment rien à perdre.
Le football est un sport dont l'arbitrage laisse place à une grande part d'interprétation. Donc, un type derrière un moniteur serait toujours à même de prendre une décision qui serait contestée par des gens qui ont une perception toute personnelle des règles (quand ils les connaissent). Et les critiques seraient encore plus véhémentes, puisque, même avec la vidéo, il y aurait polémique. En plus, il faut voir que la vidéo et le ralenti a tendance à enlever toute notion de vitesse, d'impact, et de violence du contact, chose qui doit peser dans une décision arbitrale.
Demander à la vidéo de lutter contre la polémique est illusoire. Elle existe et continuera à exister. Non, ce qu’il faut c’est lutter contre l’erreur.
L’erreur pèse très lourd au football puisque les buts sont rares et que l’exclusion d’un joueur est définitive. Si on peut donner à l’arbitre la possibilité d’être sûr de sa décision il n’en sera que plus serein.
Cela ne me paraît pas non plus inimaginable que l’arbitre vidéo ait été formé et connaisse les lois du jeu !!?? Dans le cas contraire, c’est sûr qu’il n’y a aucun espoir…
Concrètement, je ne propose pas grand chose, mais le virage que prendrait le foot avec la vidéo ne me plaît pas du tout, d'autant que rien ne me dit que cela arrangerait la situation.
Le football a d’ores et déjà complètement changé. Les entraîneurs utilisent les failles du système dès la formation des joueurs. Les simulations à répétition empêchent les arbitres de travailler sereinement. Quant aux joueurs qui lèvent la main pour demander la touche ou le corner, c’en est tellement risible que les arbitres n’en tiennent plus compte pour prendre leur décision (enfin je l’espère !). Tous ces comportements n’aident pas à arbitrer sereinement car l’arbitre n’a plus que des ennemis sur le terrain.
En demandant le statu quo tu encourages ces comportements à perpétuer. Tant que cela ne concernait que quelques joueurs qui du coup étaient facilement identifiables, cela faisait le charme du sport. Désormais la mauvaise foi est une institution généralisée qui me débecte. Et contre laquelle il faut se donner les moyens de lutter.
Et surtout, peut-on accepter que le foot devienne un sport haché, alors que l'une des choses très plaisante est que le ballon est presque toujours vivant ?
C’est vrai que c’est plaisant quand le jeu se déroule et n’est pas haché de façon incessante. Maintenant il ne faut pas se voiler la face : c’est de plus en plus rare. Les contacts sont incessants, les simulations de fausse blessure presque tout autant. L’arbitre est constamment pris à partie et le moindre coup-franc fait l’objet de palabres interminables. Les joueurs se mettent juste devant le ballon pour empêcher qu’il soit joué rapidement, quand ils consentent à ne pas shooter dedans pour l’envoyer 20 mètres plus loin et se replacer.
Les matchs qui se déroulent sur un bon rythme sont devenus l’exception. Le recours à un arbitre vidéo qui donne une information à l’oreillette de l’arbitre peut tout à fait trouver sa place. Je ne pense pas que cela nuira au rythme.
Par ailleurs, c'est aussi aux joueurs, entraîneurs et présidents de respecter les décisions arbitrales. On peut dialoguer avec l'arbitre, mais tous on tendance à l'ouvrir pour tout et n'importe quoi. Quand j'entends un Deschamps/Puel/Antonetti passer 90 minutes à contester chaque décision, avec le plus de mauvaise foi possible, ça me rend fou. Comment les arbitres pourraient arbitrer sereinement dans un tel contexte ? Après, c'est normal que certains adoptent une attitude de petit chef : face une telle horde de gens qui sont contre eux par principe, ils ne peuvent pas être tranquilles.
On ne demandera pas à la vidéo de remplacer 50 ans d’éducation. Les gueulards insupportables gênent les arbitres. Mais leur donner la possibilité de demander la vidéo sur une action, c’est aussi pour eux la possibilité d’étaler leur mauvaise foi, ou manque d’objectivité, au grand jour. Et cela pourrait faire évoluer les comportements en rendant les entraîneurs acteurs responsables du jeu, plutôt que spectateurs critiques. Les arbitres pourraient donc arbitrer plus sereinement dans un nouveau contexte.
Enfin, dernier argument, cela pourrait constituer un obstacle aux matchs truqués avec l’aléa que constitue le recours à la vidéo via un temps mort. Même si le principal risque demeure la corruption d’un joueur plutôt que d’un arbitre…
J’espère t’avoir (un peu) convaincu